Tuesday, September 6, 2011

Letter from Arie van Ameringen - August 2011


Dear Friends,

As we approach Michaelmas, we can ask ourselves how we might act in a more consciously responsible way with regard to the world around us. The events of the last few months, on various continents, from England to Syria, from North Africa to Norway, from North America to Somalia, are of concern for all of us in one way or another. On route to Russia, where our ISIS group has come to meet with Anthroposophical initiatives and offer workshops, I made a stop in Frankfort.  Wandering through the town, I chanced upon a postcard with an excerpt of a poem by Goethe that I had learned in school.  It starts like this:

Edel sei der Mensch,
hilfreich und gut
Denn dass allein
unterscheidet ihn
von allen Wesen
die wir kennen.

These lines can be translated as:
“May the human being be noble, ready to help others, and good.
It is these qualities alone that distinguish him from
All other known living creatures.”

This distinguishing feature in relation to all other living beings is given here as an ideal.  The three qualities mentioned in these lines could be described as: a) nobleness of soul, respect for human values; b) generosity in one’s willingness to help others; c) tolerance and a peaceful attitude towards others. This profoundly humanistic poem also allows us to sense the existence of the spiritual world. Further on, Goethe describes how moral deeds are dependent upon the choices one makes and the goals one sets for oneself. 

What then can we do?  What deeds can we perform that work toward the ideal set forth in Goethe’s poem? 

Recent world events bear witness to very difficult economic and social situations. The human behaviour displayed in these events is a far cry from the ideals Goethe wished for. In England, swarms of young people rioted with unparalleled destructive violence. In Syria, the merciless repression of the leaders has gone far beyond the limits of respect for human dignity. The violence of one lone Norwegian citizen show how strongly ideas of religious and ethnic intolerance hold sway in the world. In a recent interview, one of the richest men in the United States, Warren Buffet, condemned the egotistical behaviour of some of his extremely wealthy colleagues. In June, an article printed in the Boston Globe commenting on the present economic situation stated that the number of American children suffering from malnutrition turning up in hospital emergency rooms had doubled in the last two years.  And it is easy to find many examples which serve to show the same tendencies.  

In chapter nine of his Philosophy of Spiritual Activity, Rudolf Steiner, when speaking of free moral deeds, elaborates on the various reasons which cause us to act – referring to the connection between motive and driving force (the latter being an immediate impulse resulting in an action – Triebfeder in German).  The motive, on the one hand, corresponds to the concept or the mental picture that we have for the deed we perform. The driving force, on the other hand, is conditioned by our character disposition, our education, our values, or by the rules of social conduct.  Thus, for example, brushing one’s teeth every day may be due to vastly different driving forces depending on the individual. In one instance, this act may derive from a conscious concern for one’s personal appearance; in another case, it may be performed habitually simply because one’s parents insisted on the importance of dental hygiene.

When we perform an “automatic” deed, we are acting in direct reaction to a percept obtained through our lower senses (instincts) or conditioned by social conventions (tact). On a higher level, we may be moved to an action through our feelings (pity, compassion, etc.). 

An even higher driving force is the result of thinking, reflection.  But the highest of all is the act that comes from intuition, insofar as this action is free from all external (social) or individual (character) constraints. In this case, our deed is the result of a purely spiritual content; it comes directly from the realm of ideas. We act out of love for the deed itself. Then our action is truly free. Our actions, in daily life, result from varying motives. Our degree of freedom will differ depending on the specific circumstances. 

The qualities set forth by Goethe are absolutely necessary for preserving our humanness, and we must continue upon this path. No deed performed in this sense is ever too small. But on the way towards free moral deeds, it is good practice always to ask ourselves our reasons for acting in one way rather than another. Simply becoming aware of the motives and driving forces behind our actions is a first step on the path of inner transformation; this is in itself a Michaelic deed. The will-strengthening exercises given by Rudolf Steiner can be of great help on this path. Our actions can then become enlightened and meaningful not only for ourselves but for mankind as a whole. 



Arie van Ameringen 
General Secretary
August 2011, Irkutsk , Siberia








Lettre de Arie van Ameringen - Septembre 2011

Chers Amis
A l'approche de la Michaëlie, nous pouvons nous demander quel geste, quelle action nous pouvons faire de façon plus consciente pour le monde qui nous environne.  Les évènements qui se sont déroulés depuis quelques mois sur les différents continents, de l'Angleterre à la Syrie, de l'Afrique du Nord à la Norvège, de l'Amérique du Nord à la Somalie, nous interpellent d' une façon ou d'une autre.

En route vers la Russie - où notre groupe d'ISIS va rencontrer des initiatives anthroposophiques et y offrir des ateliers, je me suis arrêté à Francfort.  En parcourant la ville, je me suis adonné à lire une carte postale sur laquelle il y avait un extrait d'un poème de Goethe que j'avais appris à l'école.  Le début se lit comme suit:

Edel sei der Mensch,
hilfreich und gut
Denn dass allein
unterscheidet ihn
von allen Wesen
die wir kennen

Et qui peut se traduire par:

"Que l'être humain soit noble, dans l'entraide et bon.
C'est par ces seules qualités qu'il se distingue de
tous les autres êtres vivants que nous connaissons."

Cette distinction par rapport aux autres êtres vivants est présentée comme un souhait, un idéal. Les trois qualités mentionnées pourraient être décrites comme: a) de la noblesse d'âme, du respect pour les valeurs humaines; b) une générosité dans l'entraide et c) une tolérance et un comportement pacifique envers ses semblables. Le poème profondément humaniste nous parle aussi du monde spirituel que nous pouvons pressentir. Plus loin, Goethe décrit comment l'action morale est tributaire des choix que l'on fait et des buts que l'on poursuit.

Que pouvons-nous faire comme gestes, comme actions qui aillent dans le sens de l'idéal du poème de Goethe?

Les récents événements dans le monde témoignent de situations économiques et sociales difficiles. Les comportements sont loin des idéaux tels que souhaités par Goethe. En Angleterre, ces hordes de jeunes ont agi avec une violence destructrice inégalée. En Syrie, la répression sans merci des dirigeants a dépassé largement les limites du respect et de l'intégrité humaine. Les agissements d'un Norvégien reflètent des pensées d'intolérance ethniques et religieuses.

Un des hommes les plus riches des États-Unis, Warren Buffet, dans une entrevue récente dénonçait les comportements égoïstes de ses richissimes collègues. Dans un article paru dans le Boston Globe en juin ou on y parlait de la situation économique difficile, on mentionnait que le nombre d'enfants américains sous-alimentés qui se présentait aux urgences dans les hôpitaux, avait doublé depuis deux ans. Et on peut facilement trouver d'autres exemples dans le même sens.

Dans le chapitre 9 de la Philosophie de la liberté, Rudolf Steiner, dans la perspective d'un acte moral libre, développe les différentes raisons qui nous poussent à agir en faisant référence au lien entre le motif et le pouvoir d’impulsion (dans ce dernier cas, il s'agit d'une force qui nous met en action - Triebfeder en allemand).  Le motif correspond, pour sa part, au concept ou à l'image mentale que nous avons d'une action. Le pouvoir d’impulsion peut être conditionné par notre disposition caractérielle, par l'éducation, les valeurs ou encore les lois de la société.  Ainsi, si une personne se brosse les dents tous les jours les raisons, le pouvoir d’impulsion peut être très différent d'une personne à l'autre. Dans un cas, ça peut être pour des raisons esthétiques, dans un autre cas ça peut être parce que les parents ont insisté sur l'importance de l'hygiène.

Lorsque nous exécutons une action 'automatique', nous agissons directement en raison d'une perception de nos sens inférieurs (instinct) ou d'un comportement social de convention (tact).  À un niveau supérieur, nous pouvons être appelés à cause de nos sentiments (pitié, compassion etc.).

Un pouvoir d’impulsion plus élevé est produit par la pensée, par la réflexion  Le plus élevé est celui qui nous vient de l'intuition, dans la mesure où cette action est libre de toute contrainte extérieure (sociale) ou individuelle (caractère). Notre action est alors régie par un contenu purement spirituel, elle est issue directement du monde idéel. Nous agissons par amour pour l'acte en soi.  Nous agissons alors vraiment librement.  Nos actes, dans la vie de tous les jours, peuvent être motivés par des mobiles différents. Nous sommes plus ou moins libres selon les circonstances.

Les qualités que Goethe nous présente sont absolument nécessaires pour notre humanité et nous devons poursuivre sur ce chemin. Une petite action dans ce sens n’est jamais de trop.  Mais dans le progrès d'une action morale libre, il est bon de se demander pour quelle raison on agit de telle ou telle façon.  Déjà prendre conscience de nos motifs d'action et des raisons de notre pouvoir d’impulsion, est une voie de transformation intérieure que nous pouvons aussi identifier comme une action michaëlique. Les exercices proposés par Rudolf Steiner pour travailler la volonté peuvent aussi contribuer à cette voie.  Nos actions en deviendront ainsi plus éclairées et significatives pour nous-mêmes comme pour l'humanité.



Arie van Ameringen 
Secrétaire général
août 2011, Irkuts, Sibérie