Friday, July 4, 2014

Un Aperçu du contenu du CINQUIÈME ÉVANGILE

  - de Judith King

Depuis maintenant plus de huit années, les responsables de la Première Classe de l’École de Science de l’Esprit du Canada se réunissent une fois par an avec le Secrétaire général et les membres du Conseil. Ces rencontres se tiennent généralement à Toronto, et elles ont été conçues dans le but de renforcer le travail anthroposophique au Canada. D’habitude, un ou deux représentants du cercle des responsables de Classe des États-Unis se joignent à cette réunion. Le thème suivant a été identifié dès septembre 2013 comme étant celui qui serait approfondi à notre réunion de janvier 2014 (et il a pu être préparé d’avance par les participants) : 

De la pierre de fondation physique à la pierre de fondation spirituelle
Neuf années nous séparent du 100e anniversaire du Congrès de Noël. Comment préparer nos âmes à cet anniversaire? Comment participer comme Société au Canada à cette commémoration? En 1913 Rudolf Steiner a divulgué le contenu du Cinquième Évangile après avoir posé la Pierre de Fondation du premier Goethéanum. Ce geste et ces révélations ouvrent le chemin menant au Congrès de Noël. Leur compréhension, leur approfondissement peuvent guider nos pas sur la route à venir.


On a demandé à certains individus de préparer des présentations pour la rencontre de janvier 2014. On m’a demandé si j’accepterais de préparer une intervention sur le Cinquième Évangile. Je vous offre donc ici sous forme d’article le contenu de ma présentation. 

Préparer nos âmes pour commémorer le centenaire du Congrès de Noël, cela offre aux anthroposophes la possibilité d’œuvrer ensemble en tant que collègues pour la Société, pour la terre, et pour l’évolution de l’humanité. Au cours des neuf prochaines années, nous pouvons devenir de plus en plus conscients de la signification de la pose de la Pierre de Fondation physique où en 1913 Rudolf Steiner a pour la première fois parlé des révélations du Cinquième Évangile. De là nous pouvons suivre l’évolution de cette impulsion qui mène à la pose de la Méditation de la Pierre de Fondation dans le cœur de tous ceux qui se trouvaient autour de lui lors du Congrès de Noël de 1923/1924. Une volonté commune mutuellement consentie peut renforcer notre volonté individuelle.

En m’appuyant sur les 13 conférences données par Rudolf Steiner à Oslo, à Berlin et à Cologne entre le 1er octobre 1913 et le 10 février 1914, ainsi que, entre autres textes, sur un chapitre du volume de Rudolf Grosse qui a pour titre The Christmas Foundation: Beginning of a New Cosmic Age (non disponible en traduction française), je me suis plongée dans l’étude du sujet. Une partie significative de ma recherche et de ma contemplation a été réalisée durant les 12 Nuits saintes de 2013/2014. Le Cinquième Évangile est d’une immense envergure. J’ai éprouvé un profond sentiment d’émerveillement et de vénération devant ce que Steiner a apporté à l’humanité en donnant ce qu’il a appelé « une sorte de Cinquième Évangile » ou « l’Évangile de l’esprit » ou encore « l’Évangile de la connaissance de l’esprit ». Je suis profondément reconnaissante d’avoir découvert l’orientation pratique qui émerge de ces textes. Je vous livre ici un aperçu du contenu de cet « Évangile de la connaissance de l’esprit ».

Lors de la pose de la Pierre de Fondation physique pour le premier Goethéanum, ainsi que lorsqu’il a donné les cycles de conférences déjà mentionnés, Rudolf Steiner a déclaré son intention de diriger l’attention de ses auditeurs sur les événements du Cinquième Évangile. Voici, sous une forme condensée, la conclusion de la deuxième conférence donnée à Cologne (18 décembre 1913). « Ces faits sont rapportés comme constituant une sorte de Cinquième Évangile. C’était mon intention de vous aider à trouver le sentiment juste, l’attitude intérieure juste par rapport au Mystère du Golgotha en vous racontant ces histoires tirées du Cinquième Évangile… Il est absolument nécessaire que la connaissance de tels faits soit amenée dans l’évolution terrestre à l’heure actuelle. Je me sens intérieurement dans l’obligation de communiquer ces choses, pourvu que les âmes humaines soient préparées à les recevoir. Il m’est extrêmement difficile d’en parler. Nos études de ces faits ont révélé peu à peu ce qui doit commencer à prendre vie dans nos âmes pour que nous puissions jouer un véritable rôle dans le déroulement de l’évolution humaine. Le sens de l’évolution de l’humanité sur terre, c’est que les âmes humaines deviennent de plus en plus conscientes de leur mission. Le Christ est venu. Son impulsion est véritablement agissante. Il deviendra de plus en plus essentiel que les hommes comprennent le Christ, qui est entré dans les corps de Jésus de Nazareth et, à travers ceux-ci, dans l’aura de la terre et dans l’évolution vivante de l’humanité. »
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Voici donc un bref survol du temps et de l’espace de la vie de Jésus de Nazareth tels que racontés dans ces conférences. Je le présente ici comme toile de fond, avant de diriger l’attention sur quelques aspects particuliers.

Rudolf Steiner nous offre des images de la vie de Jésus de Nazareth à partir de sa douzième année, le moment où le « ‘Je’ de Zarathoustra » est transféré dans l’âme de Jésus de Nazareth. Il exerce le métier de charpentier avec son père jusqu’à sa seizième ou dix-septième année. Jésus ressent une profonde douleur au moment où il découvre qu’il n’est plus possible aux grands maîtres juifs, qui suivent la tradition millénaire de l’Ancien Testament, d’entendre la voix de la révélation de l’esprit divin, voix qui leur était accessible par le passé. Approximativement à partir de l’âge de seize ans, et jusqu’à sa vingt-troisième année, Jésus voyage beaucoup, apprenant ainsi à connaître les hommes et les manifestations de la sagesse traditionnelle. À l’âge de vingt-quatre ans, lorsqu’il se trouve devant un autel païen, il reçoit la révélation de l’ancienne prière macrocosmique des Mystères. Il reconnaît alors comment la religion païenne est tombée en décadence. Lorsqu’il rentre à Nazareth, il se lie d’amitié avec les membres de la communauté des esséniens, et lorsqu’il découvre en les reconnaissant que Lucifer et Ahriman sont contraints de fuir les communautés esséniennes, il se demande : Où s’en vont-ils? Nous le voyons lors de sa trentième année dans une conversation profondément marquante avec sa mère, révélant à celle-ci ce qui habite son âme suite à toutes les expériences qu’il a vécues depuis sa douzième année. Avec ces paroles puissantes adressées à la mère, le « ‘Je’ de Zarathoustra » quitte les corps de Jésus. Celui-ci est comme poussé à retrouver Jean-le-Baptiste au Jourdain. En route, il fait trois rencontres importantes. Au Jourdain ont lieu le baptême par Jean et la descente de l’Esprit Saint où l’être du Christ pénètre dans les enveloppes physique, éthérique et astrale de Jésus de Nazareth. Jésus se sent ensuite attiré dans le désert où il subit les trois tentations de Lucifer et d'Ahriman. C’est à travers la tentation d’Ahriman que sera préparée la trahison de Judas et la mort sur la croix. Lors de la mort de Jésus, l’esprit du Christ s’unit à la Terre et à son évolution. Les apôtres font à la Pentecôte l’expérience de l’Esprit du Christ qui descend sur eux, un flot d’amour cosmique universel. Et c’est à partir de ce moment-là que l’impulsion christique commence à se répandre sur la Terre.

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Rudolf Steiner offre aux auditeurs de la deuxième conférence de Cologne des détails sur la méthode de recherche qui lui donne la possibilité de nous livrer les scènes et les histoires de ce Cinquième Évangile. Il décrit les étapes de cette méthode : 
« J’aimerais vous donner une idée de ce que comprend ce qu’on peut appeler « la recherche occulte » qui rend possible de pénétrer dans des événements comme ceux que nous avons considérés hier. La toute première chose à dire, c’est qu’une telle recherche suppose la capacité de lire dans le Livre de l’Akasha… Il est essentiel que l’on se rende compte que dans son essence l’univers n’est constitué que d’états de conscience. J’ai décrit dans mon livre le Seuil du Monde spirituel comment la vision s’élève d’étape en étape au-dessus du niveau de conscience qui ne voit que les objets et processus matériels qui l’environnent… On arrive enfin à une région dans laquelle on ne trouve que des entités douées de différents états de conscience… »

Il parle de l’importance des êtres de la troisième Hiérarchie pour notre pensée, afin que nous puissions en devenir conscients dans notre quête vers l’acquisition d’une vision supérieure : « Initialement, les pensées existent dans notre conscience, mais elles n’existent pas que là… la totalité de notre monde de pensées est en fait pensée par des Anges… Pour parvenir à un niveau de vision supérieur, le mode de pensée que nous utilisons pour saisir le monde physique et l’existence sur terre ne nous sera d’aucune utilité. Pour atteindre une vision supérieure, il ne suffit pas de penser; il faut être pensé et savoir qu’on est en train d’être pensé… Il faut pouvoir ressentir comment la conscience claire des Anges surgit et agit en nous. Ceci vous donnera des aperçus sur les impulsions progressives de l’évolution – par exemple la vérité sur l’impulsion christique… Les Anges sont en mesure de penser ces impulsions; nous, êtres humains, pourrons les penser et les caractériser si notre attitude envers nos pensées en est une où nous les offrons aux Anges, leur permettant ainsi de penser en nous. Lorsque ceci devient une véritable expérience individuelle chez un être humain, on entre pour ainsi dire dans les pensées universelles de la vérité du Christ, ou dans d’autres pensées concernant la sage direction de l’évolution terrestre. » 

Steiner continue : « Tout ce qui a rapport aux périodes individuelles de l’évolution de la terre est pensé par les Archanges. Vos pensées sont transportées à une période déterminée par un Archange. »

Et, en ce qui concerne les Esprits de la Personnalité, les Archaï : « Tout ce qui a rapport à la possibilité de pénétrer au cœur d’une expérience individuelle ne peut être étudié que lorsque les paroles : ‘L’âme s’offre comme nourriture aux Archaï’ ou encore ‘Vous vous laissez consommer pour servir de nourriture spirituelle aux Archaï’ – que lorsque ces paroles acquièrent pour vous une véritable signification…. Les êtres humains sont pour les Archaï ce que sont les grains de blé pour vous en tant qu’êtres humains. Cette connaissance doit être le résultat d’une véritable expérience et non pas une simple théorie; en ce qui concerne les Archaï, notre lien avec eux est comme celui d’un grain de blé qui serait conscient de se faire broyer par nos dents, se faire avaler dans notre gorge et ensuite se faire assimiler dans notre ventre et qui pourrait se dire : Je suis de la nourriture pour les êtres humains. De la même manière, nous devons être conscients de ceci : Je suis la nourriture des Archaï, je me fais digérer par les Archaï; ceci est leur vie, et je la vis en eux. L’analogie est absolument vraie, car votre âme doit être broyée, vous devez sentir cela. L’investigation dans les mondes supérieurs est impossible sans douleur et souffrance intérieures. » 

En guise de conclusion, il dit : « Nous partageons alors de cette manière la conscience des Archaï, tout comme nous partageons la conscience des Archanges en sachant que les Archanges dirigent notre âme vers une période déterminée, et comme nous participons à la conscience des Anges lorsque nous nous rendons compte que nos pensées sont pensées par les Anges. »

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Steiner nous fournit des imaginations saisissantes, comme celle du grain de blé se faisant broyer sous nos dents, pour nous aider à sonder les profondes vérités qu’il révèle dans le Cinquième Évangile. En voici une autre : un individu animé d’un véritable sentiment de vénération pour l’occulte aborde le Mystère du Golgotha comme quelqu’un qui se promènerait furtivement autour d’un bâtiment fermé à clé, n’ayant qu’une très vague idée de ce qui se passe à l’intérieur. À un endroit donné se trouve une fenêtre, et à travers cette fenêtre il est possible d’entrevoir ce qui a lieu à l’intérieur. « Le Mystère du Golgotha est une telle fenêtre qui donne sur le monde de l’esprit. Cette image peut nous aider à voir que cet événement était l’affaire des Dieux. Les Dieux ont ouvert une fenêtre sur le ciel et pendant un moment ont mené leurs affaires devant le regard des êtres humains. »

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Les scènes qui suivent sont tirées du récit des voyages de Jésus de Nazareth entre l’âge de seize et vingt-quatre ans. Ils décrivent les circonstances relatives à sa prise de conscience de la prière primordiale : « Le Notre Père macrocosmique » et nous indiquent ce qui vivait dans son âme dans les années qui précédaient le Mystère du Golgotha. 

Au début de cette époque, lors de sa seizième ou dix-septième année, Jésus avait déjà pris conscience de certaines choses qui lui causaient beaucoup de peine. Il avait appris de manière suprasensible comment la voix Bath-Kol, voix ancienne et source d’inspiration dans la tradition judaïque, avait perdu tout véritable lien avec la source primordiale de l’inspiration juive – Yahvé. Cela voulait dire que les savants juifs de la tradition du Vieux Testament n’étaient plus en mesure de recevoir à travers la voix Bath-Kol les révélations du Divin comme cela leur avait été possible dans le passé. La conscience humaine avait évolué, et les circonstances de l’époque ne permettaient plus ce lien avec le Divin. Cette découverte a rempli Jésus de tristesse et a fait que son âme soit pénétrée d’une vive peine. 

Portant cette connaissance dans son âme, Jésus a beaucoup voyagé à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine. Le culte prédominant à l’époque dans le Proche-Orient et dans le sud de l’Europe était celui de Mithra. On avait pris l’habitude, dans les coutumes et les célébrations, de mélanger des rites mithriaques et attiques. Jésus a connu des pratiquants de ce culte païen et a assisté à leurs cérémonies. Grâce à ses facultés de clairvoyance, il percevait comment des esprits démoniaques étaient attirés par ces rites. Quelques-uns des symboles utilisés dans ces rites étaient en effet, et à l’insu des fidèles, des images de puissances démoniaques mauvaises. Il voyait comment ces puissances maléfiques entraient dans les fidèles. Le jeune homme souffrait amèrement de voir à quel point la gloire des anciens rites païens était tombée en décadence. 

Dans les mots vivement descriptifs de Steiner : « Jésus de Nazareth parvint donc, dans la vingt-quatrième année de sa vie, dans un lieu de culte païen où des sacrifices étaient offerts à une certaine divinité. Mais, aux alentours vivait un triste peuple, frappé de toutes sortes de maux de l’âme qui atteignaient jusqu’au corps. Ce lieu de culte avait été depuis longtemps abandonné par les prêtres. Et Jésus entendait le peuple se lamenter : ‘Les prêtres nous ont abandonnés, la bénédiction du sacrifice ne descend plus sur nous, nous sommes lépreux et malades, dans la peine, accablés, parce que les prêtres nous ont abandonnés.’ Dans une douleur profonde, Jésus regardait ces pauvres êtres humains; ce peuple accablé lui faisait pitié et un amour infini envers ces êtres écrasés s’alluma dans son âme. Il faut que le peuple alentour ait perçu quelque chose de cet amour infini qui s’animait en lui, et qui doit avoir fait une profonde impression sur ce peuple en lamentations, abandonné de ses prêtres et, comme les gens le croyaient, de ses dieux aussi. Alors, d’un seul coup, aimerait-on dire, naquit dans les cœurs de la plupart de ces gens quelque chose qui s’exprima par des paroles manifestant qu’ils avaient reconnu sur le visage de Jésus l’expression de l’amour infini : ‘Tu es le nouveau prêtre qu’on nous envoie.’ ils le pressèrent d’aller vers l’autel païen où ils lui firent prendre place, et là ils attendaient, ils exigeaient même de lui, qu’il accomplisse les sacrifices, afin que la bénédiction de leur dieu descende à nouveau sur eux. » (Traduction : Éditions Triades)

Devant l’autel païen, Jésus de Nazareth est tombé comme mort. Son âme a été transportée, élevée dans les mondes spirituels comme s’il « pénétrait dans le royaume de la vie solaire. » De là, elle a entendu la voix Bath-Kol prononcer la prière toute-puissante de l’ancienne sagesse oubliée. Cette prière, Rudolf Steiner l’avait appelée « la prière macrocosmique primordiale » lorsqu’il l’avait donnée pour la première fois au moment de la pose de la Pierre de Fondation du premier Goethéanum. Dans sa conférence du 17 décembre 1913 à Cologne, Rudolf Steiner a donné la description suivante : « Jésus de Nazareth ressentait comment la prière renfermait, sous une forme extrêmement condensée, le secret de l’évolution humaine et des incarnations terrestres; et comment elle révèle les lois selon lesquelles l’être humain est descendu du macrocosme pour s’incarner dans un microcosme. » Steiner donne ensuite une note personnelle en disant que depuis le moment où il a eu connaissance des paroles de cette prière, elles se sont révélées remarquablement puissantes pour la méditation. Dans ses mots : « La puissance de ces paroles pour l’âme est tout à fait extraordinaire, et plus vous contemplerez ces vers, plus vous percevrez leur pouvoir. Si ensuite vous faites l’effort de les examiner de près et de les comprendre, vous découvrirez qu’ils résument en effet le secret de l’être humain et de la destinée de l’humanité. Vous comprendrez également comment, en renversant ces vers, est né le Notre Père microcosmique donné par le Christ à ses disciples. »  

Lorsque dans sa vingt-quatrième année Jésus est rentré à Nazareth, Il a créé des liens avec la communauté des esséniens de l’endroit et a pu entretenir des échanges vivants avec ses membres. Grâce à leur vie « pure », ils se protégeaient contre Lucifer et Ahriman, dont l’influence ne pénétrait pas dans leurs communautés, et ils conservaient ainsi la possibilité de recevoir l’inspiration et l’orientation des Dieux. De ces esséniens Jésus a appris beaucoup de choses sur l’ancienne connaissance secrète des hébreux, et à l’âge de vingt-sept ans, il avait assimilé presque tout ce qu’ils avaient à lui offrir. Il a également vécu parmi eux d’importantes expériences suprasensibles. De retour à la maison, il méditait sur les pouvoirs qu’il avait ainsi reçus et sur les expériences marquantes qui avaient surgi dans son âme par rapport à la façon dont les esséniens vivaient dans leur communauté. Chez les esséniens Jésus avait créé des liens avec Jean-le-Baptiste, car Jean était à l’époque attaché à la communauté essénienne comme frère laïc.  

Lors de sa trentième année, Jésus de Nazareth a eu une conversation significative avec sa (belle-) mère, conversation au cours de laquelle il a ouvert son âme pour parler des expériences qu’il avait vécues depuis sa douzième année. Il lui a raconté trois découvertes qui lui avaient causé de la peine et de la tristesse : la première : que ceux qui portaient la tradition judaïque n’avaient plus accès à la révélation divine de la voix Bath-Kol; la deuxième : son expérience de la déchéance de la religion païenne; et la troisième : l’expérience suivante vécue en lien avec la communauté des esséniens. En effet, voici dans ces mots tirés du Cinquième Évangile, comment Jésus a décrit pour sa mère ce qu’il avait vécu aux portes de la communauté des esséniens : « ‘Alors qu’un jour, après un entretien intime et important avec les esséniens, je quittais le lieu, je vis à la porte principale Lucifer et Ahriman qui s’enfuyaient. Depuis ce temps, ma chère mère, je sais que les esséniens, par leur mode de vie, par leur doctrine secrète, se protègent contre eux, de sorte que Lucifer et Ahriman sont obligés de fuir. Par là, ils les envoient vers les autres hommes. Les esséniens trouvent le bonheur de l’âme aux dépens des autres hommes; ils sont heureux parce qu’ils se préservent eux-mêmes de Lucifer et Ahriman!’ Par la vie menée auprès des esséniens, il savait maintenant : ‘Oui, il y a encore une possibilité de s’élever au niveau où on s’unit au divin spirituel, mais seuls quelques-uns peuvent y accéder aux dépens de la masse.’ Il savait maintenant que le lien avec le monde divin de l’esprit ne pouvait être apporté aux humains par la voie ni du judaïsme, ni du paganisme, ni non plus par celle des esséniens. » (Traduction, Éditions Triades) 

À la fin de ce long entretien, la mère se trouve profondément transformée par la puissance des paroles de Jésus, le « Je » de Zarathoustra quitte les corps de Jésus avec ces paroles, et le « Je » infiniment ouvert du Jésus de Nathan (n’ayant aucune expérience de l’existence terrestre) réintègre alors l’âme de Jésus, préparant ainsi l’événement du baptême. Il est poussé par une impulsion intérieure à rejoindre Jean-le-Baptiste au Jourdain. En chemin, il fait trois rencontres significatives. Ces rencontres renvoient à des expériences préalables qui ont imprégné son âme de connaissance et de souffrance, et dans un certain sens elles sont une réponse à ces expériences. (Par exemple, aux deux esséniens qu’il rencontre sur son chemin : « Votre effort ne sert à rien, car vos cœurs sont vides; vous n’avez fait que les remplir de l’esprit qui couvre illusoirement l’orgueil et l’arrogance d’un manteau d’humilité. ») Au baptême réalisé par Jean, l’Esprit du Christ descend du ciel et entre dans les enveloppes physique, éthérique et astrale de Jésus de Nazareth, qui se sent alors poussé à errer dans le désert afin de vivre une confrontation avec Lucifer et Ahriman. Il sait que ce sont les deux entités avec lesquelles les hommes auront à lutter sur terre. Le Christ-Jésus subit alors les trois tentations : la première de Lucifer, la deuxième de Lucifer et Ahriman ensemble, et la troisième d’Ahriman seul. Cette troisième tentation est celle que le Christ ne sait pas résoudre en entier. Selon l’Évangile : « Si tu es le Fils de Dieux, ordonne que ces pierres soient changées en pain. » Jésus répond : « Les hommes ne vivent pas de pain seulement, mais de chaque parole qui sort de la bouche de Dieu. » Ahriman sait très bien que l’Esprit du Christ a besoin de l’expérience terrestre en tant qu’être humain pour pouvoir répondre complètement à sa tentation et libérer les hommes de son emprise. Dans les mots du Cinquième Évangile tels que rapportés par Rudolf Steiner : « Ahriman a répondu : ‘Tu as peut-être raison. Mais néanmoins le fait que tu aies raison dans une certaine mesure ne peut pas m’empêcher d’exercer du pouvoir sur toi. Tu ne connais que l’action de l’esprit qui descend des hauteurs. Tu n’as pas encore vécu dans le monde des hommes. Ici-bas, tu trouveras des hommes qui ont véritablement besoin de changer les pierres en pain. Ils ne peuvent absolument pas vivre d’esprit seulement.’ » Cet aspect non résolu laisse un chemin ouvert pour que le Seigneur de la Mort, Ahriman, puisse exercer son influence et préparer la trahison contre Jésus qui mène à la mort sur la croix.   

Et le Cinquième Évangile se poursuit : « Il fallait que la question posée par Ahriman reste non résolue pour que se réalise l’idéal  christique : que le Christ-Jésus se déverse graduellement dans l’évolution terrestre pour pénétrer lentement tout l’avenir de l’évolution de la Terre. Ceci ne pouvait pas se faire uniquement au niveau de l’âme. La totalité de l’évolution future de la Terre devait être imprégnée de l’Esprit du Christ! Ahriman avait le pouvoir d’imposer au Christ la nécessité de lier réellement Son Être à l’évolution de la Terre. En entrant dans l’individualité de Judas, Ahriman a pu provoquer la mort du Christ, et c’est par cette mort que l’essence du Christ s’est unie à l’essence de la Terre. L’acte de Judas était en fait l’accomplissement de la question d’Ahriman non résolue. (‘Ils ne peuvent pas vivre d’esprit seulement’). La tentation luciférienne avait pu être repoussée intérieurement, dans l’âme, et il incombe à chaque âme humaine d’accomplir cela individuellement.  La nature d’Ahriman est autre et sera surmontée dans le cours de l’évolution humaine si les hommes s’ouvrent de plus en plus à l’essence du Christ et s’identifient à lui. »

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Voilà qui nous amène à méditer sur notre lien actuel avec le Christ vivant.

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Invitation aux lecteurs : je vous invite à faire part de vos réflexions et commentaires.

Judy King, avril 2014


Sources :
1. Rudolf Steiner : Le Cinquième Évangile (NDT : le volume en français des Éditions Triades contient les conférences données à Oslo et à Berlin, mais ne contient pas les conférences données à Cologne. Il paraît qu’une nouvelle édition augmentée est en préparation.)  

2. Laying the Foundation Stone of the first Goetheanum dans le volume de Rudolf Grosse intitulé The Christmas Foundation : Beginning of a New Cosmic Age (non édité en français)
                                                                                                                                    





L'Antéchrist de Soloviev

- de Claude Gendron
Le 26 avril dernier, 12 personnes se sont déplacées à Cowansville sur le magnifique domaine acquis récemment par nos hôtes Marie-Claire et Willem Joubert, des anthroposophes dotés d’une gentillesse et d’une courtoisie remarquables. Le but : participer à une journée de réflexion, de partage et d’échange sur l’Antéchrist de Vladimir Soloviev.  Parmi les lectures suggérées figurait le chapitre intitulé LE GRAND INQUISITEUR, tiré du roman LES FRÈRES KARAMASOV de Dostoievski.
Ce texte dresse le portrait d’un cardinal devenu grand inquisiteur et qui se pose contre le Christ revenu en Espagne au XVIe siècle.  Après qu’Il ait ressuscité une enfant, les gardes armés du grand inquisiteur s’emparent du Christ pour le jeter en prison.
Au cœur de la nuit, le grand inquisiteur, qui a reconnu le Christ vient le trouver pour lui dire que l’Église catholique allait se charger de faire le bonheur des hommes.  Que Lui avait échoué dans sa mission! Que la liberté et l’amour annoncés par Lui et vécus par le glaive et la division n’étaient pas viables pour l’humanité.  Elle se comporte comme un enfant désirant être conduit par la main.  Durant le long réquisitoire, qui illustre par plusieurs côtés les préjugés de la culture actuelle, le Christ demeure silencieux.  Les actes qu’Il a posés, les paroles qu’Il a prononcées « au tournant des âges » condamnent irrévocablement cette trahison du message christique. Malgré cela, le Christ regarde l’inquisiteur avec amour et compassion. 
Dans le texte de Soloviev se révèle une individualité exceptionnelle qui, accompagnée du mage le plus puissant de l’époque se pose en vrai sauveur de l’humanité.  Ce personnage narcissique et orgueilleux voit dans le Christ son précurseur.  Il se considère comme le vrai libérateur, enfanté pour apporter le bonheur à l’humanité.  Sur un signe de lui, le mage foudroie ceux qui s’opposent à ses voies, y compris le dernier pape de l’église catholique qui refuse de rejoindre ses rangs.   Mais à la fin, le Christ revient avec une armée constituée de tous ceux qui furent sacrifiés afin d’éradiquer l’Antéchrist de l’humanité.  Voilà très condensé, cette courte histoire racontée par Soloviev.
La rencontre débuta par quelques chants conduits par Arie van Ameringen.  Ce qui permit de réchauffer les cœurs.  Après quoi, chacun fut invité à partager les réflexions qui lui étaient venues à la suite des lectures suggérées.  Pour résumer très schématiquement les propos, nous pouvons dire que les récits de l’Antéchrist de Soloviev et du Grand Inquisiteur de Dostoïevski comportent un caractère à la fois contemporain et prophétique pour l’avenir.  
Prisonnière de ses cultures et de ses stéréotypes, l’humanité actuelle se débat contre des certitudes constamment confrontées à leurs remises en cause et à l’insatisfaction générale qui en découlent. Tant que l’Homme ne saisit pas que son corps, sa science, sa culture, sa langue n’appartiennent qu’à la terre et ne pourront jamais satisfaire les besoins de son âme et de son esprit, il cherchera le bonheur éphémère que procure la matière en se heurtant au miroir aux alouettes de mille formes illusoires.
Pour sauver son âme, l’art est un viatique précieux et Jean Balékian nous en a fait une démonstration significative en nous montrant et en faisant revivre devant nous les personnages du Groupe Sculpté dont le Christ est la figure centrale.  En s’efforçant de nous hisser au niveau de notre moi spirituel, nous pouvons rejoindre le Christ éthérique et ressentir comment, même dans le bois sculpté du Groupe, il équilibre en repoussant tout en retenant les puissances lucifériennes et ahrimaniennes à l’œuvre en nous et dans le monde qui nous reflète. Quant aux Asuras, ces Esprits de la Personnalité autrement désignés sous le nom d’Esprits de l’Égoïsme, ils exacerbent et encouragent une sorte de dévoiement de l’âme en exaltant, entre autres l’expression de la sexualité. Et Soratd, le démon solaire ou la bête à deux cornes de l’Apocalypse, bien que ne paraissant pas dans le Groupe sculpté s’alimente de notre incompréhension et de notre confusion à l’égard de ces êtres spirituels retardés que l’homme devra rédimer à l’avenir. 
La Pierre de Fondation est contenue dans la structure trinitaire du Groupe. Notre vie est un chemin d’exercice, un atelier où nous sculptons modestement, chacun pour soi, dans notre « atelier-sanctuaire intérieur »,  la représentation du Groupe à partir des forces de notre cœur.  Grâce au modèle du Groupe sculpté par R.Steiner et É.Maryon, chacun de nous peut se tenir éveillé en extrayant copeau par copeau les faiblesses de « son groupe ».
La science et ses réalisations grandioses, comme les grands barrages et les tours à bureaux vertigineuses, masquent sous des structures ingénieuses les forces abstraites, anguleuses et froides de l’intelligence des êtres spirituels ahrimaniens. Aussi le crâne est-il le siège de leur quartier général.  En contrepartie, l’exaltation enfiévrée des  nationalismes dont l’impétuosité se mute souvent en terrorisme et le fanatisme tumultueux où brille la lumière aveuglante de tous les intégrismes sont livrés « au trou noir » des puissances lucifériennes qui les aspirent dans une spirale ascendante infinie. L’égo est conquis et le moi spirituel est ballotté violemment entre les hauteurs et les profondeurs, comme une proie dont on s’arrache des lambeaux.
Jean Balékian a guidé notre œil afin qu’il perçoive dans le geste du Christ qui repousse et retient à la fois les puissances lucifériennes et ahrimaniennes, une confluence qui vient s’épancher et s’équilibrer au niveau du cœur.  Jean nous a fait contempler l’amour, la compassion et les forces morales dont la figure centrale du Christ est l’expression.  Le dessin que nous avons ensuite effectué est venu concrétiser l’interpénétration des forces de la lumière et des ténèbres dont l’équilibre est la marque des œuvres universelles.
Après le dîner, Andrée Lanthier, par « quelques paroles rendues visibles », nous a permis de nous recentrer et de recréer l’unité entre nous. Un dernier exercice artistique de dessin consistant à illustrer notre compréhension et notre sentiment au regard du Groupe sculpté a permis de montrer l’unité malgré la diversité des formes.  Arie enchaîna avec quelques précisions utiles sur les sept formes majeures prises par les êtres ahrimaniens dans la matière et Marie-Claire Joubert clôtura la rencontre en nous récitant le dernier verset de la Pierre de Fondation. 
Un commentaire final d’Andrée Lanthier a pris la forme d’un appel lancé afin que ce travail sur les forces antichristiques ne tombe pas dans une sorte de « vide cosmique ».  Peut-être y aurait-il lieu ici d’envisager la faisabilité de telles rencontres en en déterminant le lieu, la fréquence et le propos.  Les inspirations de ceux et celles qui le souhaitent pourraient être communiquées à Arie qui se chargera d’y donner suite


Claude Gendron, Candiac 28 avril 2014

Rencontre et Échanges sur le Thème de l'Antéchrist

- de Renée Cossette[1]

Une douzaine d’anthroposophes se sont rencontrés le 26 avril dernier en Estrie. Ces personnes voulaient, après la lecture convenue de deux textes[2], échanger librement leurs impressions sur le thème de l’Antéchrist.

La figure de l’Antéchrist
Vladimir Soloviev (1853-1900) et Fyodor Dostoievski (1821-1881) sont très liés bien qu’une trentaine d’années les sépare.  La Russie porte la conscience spirituelle, celle-ci doit s’incarner dans la société.  L’incarnation de cette conscience, c’est l’Antéchrist qui en est une contre image.  La Sophia russe – c’est l’être humain -, qui par son développement intérieur, devient spirituel.


Dans le texte respectif de ces deux auteurs, l’Antéchrist est toujours l’inquisiteur, celui qui veut apporter le bonheur, mais qui veut aussi limiter la liberté. De nos jours, lorsqu’on veut offrir le revenu minimum inconditionnel à chacun, n’est-ce pas un vœu de cet ordre?  Également dans ces mêmes textes, celui-ci qui tient lieu d’Antéchrist reste un être humain (et non un dieu), car il fuit et il « meurt » lorsque démasqué par la conscience de l’être humain.

L’Antéchrist, est-ce nous qui – par nos pensées – le créons?  L’appelons?  On peut se sentir victime.  Est-ce que l’Antéchrist est important pour l’évolution humaine?

En 1914, Morgenstern dit que le lieu où l’esprit s’exprime le plus, c’est dans le langage.  Lorsqu’on  parle plusieurs langues, on sait que chacune a son esprit, a son génie.

Être christique
Il est dit que le Christ apporte le glaive.  Le glaive ne serait-il pas la conscience?  Le Christ n’apporte pas la division, mais la conscience de la division.  En Occident, on a imposé le Christ par le glaive (pensons aux Templiers).   L’Occident  signifie occire).  Le Christ a apporté la liberté et le combat (intérieur) pour la liberté.   Dans une de ses conférences, Rudolf Steiner dit : quand le Christ est mort, tout le monde spirituel est devenu stressé.  Mais chaque fois que l’on dit : Le Christ en moi, on apporte de la lumière au monde spirituel. 

Le Christ est descendu du Devachan, puis s’est manifesté dans le Logos, et il s’est incarné dans la matière où il s’est fait Homme.  Nous avons maintenant en devenir trois qualités dans le lotus du cœur : la compassion, l’amour et la force morale.

L’Incarnation attendue d’Ahriman
L’Inquisiteur se montre fort dans l’injonction,  dans le dogmatisme.  De nos jours, ce dogmatisme se manifeste dans :
Ø  L’Église
Ø  Les pensées toutes faites (les clichés).
Ø  La publicité
Ø  Le langage (la langue de bois, les définitions, etc.)

Le plus sournois – et qui est souvent véhiculé par le langage – c’est le problème du mal.  Il prend une forme et souvent celle du bien.  Dans le Faust de Goethe, on retrouve cette phrase où on demande à Méphistophélès : qui es-tu?  Il répond : Une partie de cette force qui toujours veut le mal et toujours crée le bien.  En fait, le bien est détourné de son but.  On risque ainsi de facilement basculer du bien vers le mal.  Les arts ainsi que la méditation peuvent sauvegarder cet équilibre; cet équilibre à conserver entre Lucifer et Ahriman.  La lutte entre le bien et le mal se joue aussi au niveau cosmique. 

L’Antéchrist a un rôle : celui de nous empêcher d’accéder au spirituel, mais être christique, c’est d’assumer sa liberté en tant qu’être humain avec toutes les conséquences. Chacun de nos « moi » appartient au Christ.  L’homme est appelé â être la 10e hiérarchie.  Il est appelé aussi à « rédimer» ces deux êtres que sont Lucifer et Ahriman.  Si on les élimine, on tombe dans la béatitude, mais ce n’est pas de la liberté.  Ahriman et Lucifer se lancent des projectiles, mais il y a, tout au centre, un petit espace cubique de liberté.  La réponse au mal est au niveau du spirituel.  Être plongé dans le monde, mais tenter de ne pas tomber dans ses travers.  Le fait d’avoir vécu au XXe siècle, on est tous malades.  Mais comment transformer le mal en bien?
Ø  En faisant appel au pardon
Ø  En s’adonnant à des actions d’équilibre (cf. les arts, méditation, etc.)
Ø  En cherchant l’équilibre entre Lucifer et Ahriman (cf. Le représentant de l’Humanité).

Les dieux ont eu besoin d’Ahriman.  On prévoit son incarnation dans le monde matériel d’ici 100 ans.  On est dans la négation de l’esprit; de nos jours, on s’identifie grandement au corps physique. Hubert Reeves finit sa conférence en disant : 400,000 milliards d’atomes vous parlent. Heureusement, qu’on a un écrivain comme Christian Bobin qui rapporte qu’il écrit pour sauver l’âme qui actuellement s’en va. On ne prend pas conscience de notre réalité, si on ne vit pas les conséquences de l’absence de l’esprit.
Actuellement Ahriman prend la relève de Lucifer.  Sorath viendra ultérieurement et il sera l’Antéchrist, mais il aurait cependant commencé à agir et les signes en sont les suivants :
Ø  La pensée abstraite et la vision mécanique de l’univers.
Ø  Le spirituel confiné dans les bibliothèques.
Ø  La survalorisation des chiffres (cf. les statistiques), permettant ainsi de manipuler les opinions.
Ø  Agir sans motif (ne pas avoir trouvé de sens à ce que l’on fait).
Ø  La dysharmonie dans les groupes humains.
Ø  L’interprétation mécaniste des Évangiles.
Ø  Les écoles fondées sur les arts divinatoires (spiritisme – hallucination).

Ces sept éléments sont tirés d’un article en allemand de Schroeder qui  se réfère à Rudolf Steiner.




[1] Je n’ai que le mérite d’avoir pris des notes et de les rapporter ici sous des enseignes thématiques.
[2] Soloviev, V. Introduction et choix de textes, Michaud, Paris, 1910 et  Dostoievski, F., Le grand inquisiteur, paru dans la Revue contemporaine, 1886.
   

Wednesday, July 2, 2014

Meeting And Conversations On The Theme Of The Antichrist

- by Renée Cossette[1]

A dozen anthroposophists came together in the Eastern Townships on April 26th in order to participate in a free exchange of ideas after having read two suggested texts on the theme of the Antichrist. (Soloviev’s Antichrist and the chapter entitled The Grand Inquisitor from Dostoyevsky’s The Brothers Karamazov.)

The figure of the Antichrist
Strong ties link Vladimir Soloviev (1853-1900) and Fyodor Dostoyevsky (1821-1881) although they were born some thirty years apart. Russia is the carrier of the spiritual consciousness that is destined to incarnate in human society, and the Antichrist is the counter-image of this consciousness. The Russian Sophia represents the human being who becomes spiritualized through his own inner development.

In the texts of the two above-mentioned authors, the Antichrist is always the inquisitor, the individual who wants to bring happiness to mankind while at the same time limiting freedom. Might we not say that the current idea of offering an unconditional minimum salary to every person is an aspiration of this very type? Another thing these texts show is that the individual who takes on the role of the Antichrist is a mere mortal (and not a god), because he flees and “dies” when unmasked by human consciousness.

Is it we ourselves who create the Antichrist through our mode of thinking? Is it we who summon him? Does the Antichrist play an important role in human evolution?

The inquisitor wields his strength by giving commands and spouting dogma. In our current world situation this dogmatization is to be found, for example, in:
  • The church
  • Clichés and stereotypes
  • Advertising
  • Language: definitions, affected sincerity, etc.

In 1914, Morgenstern said that spirituality is expressed primarily through language. Those who speak several languages understand how each tongue has its own spirit, its own inherent “genius”.

The most insidious aspect, the one for which language is so often the vehicle, is the question of evil. Evil takes on a form which often appears to express the good. In Goethe’s Faust the following question is put to Mephistopheles: who are you? He answers: a part of that force which always seeks evil and always creates good. What actually occurs is that the good is caused to deviate from its goal. Thus, it is easy for us to fall from good into evil. Arts and meditation can help us maintain a state of balance between Lucifer and Ahriman. The battle between good and evil is also being waged on a cosmic scale.

To be Christ-filled
The role of the Antichrist is to keep us from reaching the spiritual, but to be Christ-imbued means to take responsibility for one’s freedom as a human being with all the difficulties this entails. The “I” of each one of us belongs to Christ. Man is destined to become the 10th hierarchy, and as such will be called upon to redeem the beings we know as Lucifer and Ahriman. If we simply eliminate them, we fall into a state of bliss which is not free. Ahriman and Lucifer shoot bullets at us, but there is a safe place within us, a little “cubic space” where freedom exists. We must find the answer to the question of evil on the spiritual level as we dive into worldly life and attempt to avoid its pitfalls. Just by the very fact that we have lived in the 20th century means that we are all weak and ailing. But how can we transform evil into good?
  • by practicing forgiveness
  • by engaging in activities which bring the soul into balance (cf. arts, meditation, etc.)
  • by seeking to find the balance between Lucifer and Ahriman (cf. the Representative of Man)

It is said that Christ bears the sword. Is not the sword a symbol for consciousness? Christ does not bring division among men, but rather the consciousness of division. In the West, Christ has been imposed upon men by use of the sword (we only have to think of the Templars.) The word Occident (West) comes from the Old French word “occire” which means to slay. Christ has brought us freedom and the inner battle for freedom. Rudolf Steiner said that when Christ died, the entire spiritual world experienced distress. But each time we say: Christ in me we send light into the spiritual world.

Christ descended from the Devachan, became manifest in the Logos, and incarnated in matter where He became Man. As human beings we now possess three potential qualities in our Heart Lotus: compassion, love and moral strength.

The coming incarnation of Ahriman
The Gods needed Ahriman, and his incarnation in a material body is expected within the next 100 years. We now live in a time which denies the existence of the spirit, and we identify our self very strongly with our physical body. Hubert Reeves ended a lecture by stating: 400,000 atoms are speaking to you. Fortunately, there are writers such as Christian Bobin who claims that he writes in order to save the soul which at the present time is disappearing. We cannot be aware of the reality we live in if we are unable to experience the consequences of the absence of the spirit in the present time.

Ahriman has now taken over from Lucifer. Sorat will appear at a later time and will be the Antichrist, but he has already begun preparing his coming. We can detect signs of his activity in the following seven elements given by Schroeder in an article where he refers to Rudolf Steiner:
  • Abstract thinking and the mechanical conception of the universe
  • Anything pertaining to the spiritual is confined to libraries
  • Excessive belief in the reality of abstract numbers (statistics) which allow opinion to be manipulated
  • Acting for no reason (finding no meaning in what one is doing)
  • Disharmony within human communities
  • Mechanistic interpretation of the Gospels
  • Schools devoted to divinatory arts (spiritualism, hallucination)
These seven elements are drawn from an article in German by Schroeder which refers to Rudolf Steiner.











[1] These are notes taken during the gathering, which I have organized here according to their respective themes.

Conversation About Soloviev's "Antichrist" on April 26, 2014

- by Claude Gendron
On April 26th of this year, 12 people gathered at the lovely Cowansville residence (Eastern Townships, Quebec) recently acquired by our hosts Marie-Claire and Willem Joubert, local anthroposophists graced with remarkable kindness and generosity. The reason for this gathering was to take part in a day of reflection, sharing and conversation on the theme of Vladimir Soloviev’s Antechrist, for which the chapter from Dostoyevsky’s The Brothers Karamazov entitled The Grand Inquisitor was also suggested preparatory reading.
The Dostoyevsky text depicts a cardinal who has taken on the role of grand inquisitor. This individual positions himself as an adversary of Christ, Who has reappeared incognito in XVIth century Spain. When Christ performs the feat of bringing a child back to life, the grand inquisitor’s armed guards seize Him and throw Him into prison.
The Grand Inquisitor, who has recognized Christ’s true identity, goes to Him at night in order to declare that it is the institution of the Church that will bring happiness to mankind. He claims that Christ has failed in in mission – that the freedom and love He proclaims, spread by the sword and creating discord among men, are not viable options for humanity, because human beings exhibit child-like behaviour and therefore need to be led by the hand like children. During the inquisitor’s lengthy indictment, in which many aspects of present-day cultural prejudices are made evident, Christ remains silent. The deeds He performed and the words He spoke at “the turning point of time” are in themselves an absolute refutation of the accuser’s distortion of His true message. And yet in spite of the inquisitor’s condemnation, Christ continues to gaze upon him with love and compassion.
Soloviev’s text depicts an extraordinary individual who has as his assistant the most powerful magician of the time. The individual in question is a narcissist of overweening pride and arrogance, and considers himself to be Christ’s direct successor. He sees himself as the true freer of mankind, born to bring happiness to human beings. He orders his magician to strike down anyone who opposes his views, including the latest pope of the Catholic Church, who refuses to become one of his followers. But in the end Christ returns, with an army made up of all those who had been sacrificed, in order to extricate mankind from the Antichrist’s power. This then, in highly condensed form, is the story told by Soloviev.
Our gathering began with singing led by Arie van Ameringen, and when this activity had sufficiently warmed our hearts, we were all invited to share our reflections regarding the prepared reading material. To sum up very briefly the gist of our conversation: we felt that the texts were directly applicable to our current social condition and at the same time prophetic for the future of mankind.
Present-day man is caught in the web of his own cultural habits and stereotypes, and as such constantly suffers from a general feeling of dissatisfaction as these values are challenged and called into question on a daily basis. As long as the human being does not realise that his body, his science, his culture and his language belong only to the earth and will never satisfy the needs of his soul and spirit, he will seek the fleeting happiness afforded by the smoke and mirrors of material things and let himself be seduced by the infinite number of illusory forms these material things assume.
As a means of salvation for the human soul, art is a precious asset, and Jean Balekian made this significantly clear as he led us through a living experience of the beings depicted in the Sculpture of the Representative of Man, the statue in which Christ is the central figure. By struggling to raise ourselves to the level of the Spirit-Self, we can reach the etheric Christ and sense how, even in the sculpted wood of the Statue, He secures the balance between the Luciferic and Ahrimanic powers within us and in the world by repelling them while at the same time holding them in their legitimate places. As far as the Asuras are concerned, those Spirits of Personality also called the Spirits of Egoism, they exacerbate and provoke a sort of perversion of the soul by exalting, among other things, sexuality. And Sorat, the Sun Demon also known in the Apocalypse as the Two-Horned Beast, though he does not appear in the Statue, feeds on our lack of understanding and our confusion regarding these retarded Spirit beings that man will be called upon to redeem at some future time.
The Foundation Stone Meditation can be perceived in the three-fold structure of the Group. Our life is a path of development, an inner workshop and sanctuary in which each one carves, modestly, his own personal representation of the Statue using the forces of his own heart. Thanks to the model of the Group sculpted by Rudolf Steiner and Edith Maryon, each one of us can remain awake by perserveringly carving away the wood shavings of our own weaknesses as we create our own “sculpture”.
The stunning accomplishments of modern technical science, such as great hydroelectric dams and dizzyingly tall office towers, conceal beneath their ingenious structural aspects the cold, angular intelligence of Ahrimanic beings. Indeed, the human skull is where these beings set up their headquarters. On the other hand, we find the feverish overexcitement of nationalistic pride which, when taken to the extreme, morphs into terrorism and fanaticism. Here Luciferic forces project their blinding glare, tempting all followers of fundamentalist movements into the “black hole” of a never-ending ascending vortex. Thus, the ego is taken prisoner and the Spirit-Self is tossed violently back and forth between the heights and the depths, like a beast of prey being ripped to shreds.
Jean Balekian guided our gaze in such a way as to bring us to perceive in Christ’s gesture (both repelling the Luciferic and Ahrimanic powers and time holding them in their places) a coming together and harmonious balancing in the region of the human heart. Jean called on us to contemplate the love, compassion and moral forces expressed in this central figure of Christ. We then moved on to a drawing exercise which helped to give outward expression to our experience of the interpenetrating forces of light and dark; indeed, the balance between these two elements is a feature of all universal works of art.  
After lunch, Andrée Lanthier’s “visible speech” allowed us to refocus and re-unify as a group. A final drawing exercise, in which we illustrated our comprehension and our feelings regarding the Statue, revealed the underlying unity of the sculpture in spite of the multiplicity of its forms. Arie then proceeded to speak of the seven major forms in which Ahrimanic beings manifest in matter, after which Marie-Claire Joubert brought the day’s activities to a close by reciting the last panel of the Foundation Stone Meditation.
A final request was expressed by Andrée Lanthier: that this day’s work not become lost in some sort of “cosmic vacuum”. She wondered if it would not be possible to foresee more of these gatherings, to determine time, place, schedule, and theme. Those who feel moved to continue this impulse should contact Arie, who agrees to follow up on this request.

Claude Gendron, Candiac, April 28, 2014

A Glimpse At What Is Contained In THE FIFTH GOSPEL

- by Judith King

For about seven or eight years, Classholders of the School of Spiritual Science from across Canada, Canada’s General Secretary and members of the ASC Council have met together for a day each year, usually in Toronto, with the intention of being mutually supportive in their anthroposophical work. Usually there are one or two Classholder friends from the US present.

A theme is identified for this meeting, prepared beforehand. In September 2013 the theme for January 2014 was chosen, introduced by the following words:

“Dear friends, when we meet this January, we shall be nine years away from the 100th year celebration of the Christmas Conference. How can we prepare our souls for this centenary anniversary? How can we, as the Anthroposophical Society in Canada, take part in this celebration? In 1913, having laid the physical Foundation Stone for the first Goetheanum, Rudolf Steiner went on to give his lectures on the 5th Gospel. The act of laying the stone in the earth with its important document and the revelations contained in the subsequent cycle of lectures open the path to what eventually comes into being during the Christmas Conference. Deepening our understanding of these events can guide us as we look ahead to the preparatory work of the coming years”.

Individuals were approached to prepare presentations for the January 2014 meeting. I was asked if I would present on the Fifth Gospel. I did this and now offer it in article-form for the newsletter.

The question of preparing our souls for the centenary celebration of the Christmas Conference in 2023/24 offers a possibility for anthroposophists to work together as colleagues for the Society and for Earth and human evolution. Over the next nine years, we can become more and more conscious of the impulse of the physical Foundation Stone laying in 1913 where Rudolf Steiner first introduced revelations of the Fifth Gospel, leading to the Christmas Conference in 1923/24, when he laid the Foundation Stone Meditation in the hearts of all present. A mutually supportive Will and our consciousness of it can give extra strength to our individual will.

Using as resource the thirteen lectures given by Rudolf Steiner in Oslo, Berlin and Cologne between 1 October 1913 and 10 February 1914 (published as a book by RS Press 1995 ‘The Fifth Gospel – from the Akashic Record’) and a section from ‘The Christmas Foundation: Beginning of a New Cosmic Age’ by Rudolf Grosse*, and other supporting material, I immersed myself in the subject. A significant portion of my research and contemplation took place over the twelve Holy Nights of Christmas 2013/14. The scope of the Fifth Gospel is huge. Awe developed within me for what Steiner has brought for humanity in what he called “a kind of Fifth Gospel”, also ‘The Gospel of Knowledge of the Spirit’ and the ‘anthroposophical Gospel’. I feel great gratitude for practical guidance which emerges from it. I offer here a glimpse of what is contained in this ‘Gospel of the Knowledge of the Spirit’.

Steiner stated his intention for bringing his research into the facts of the Fifth Gospel to the attention of his listeners at the laying of the physical Foundation Stone for the first Goetheanum in 1913 and in the subsequent lectures. His words, condensed from the concluding words of the second lecture given at Cologne (18 December 1913):

“These facts are presented as a kind of Fifth Gospel. It has been my intention to help you find the right feeling and inner attitude to the Mystery of Golgotha by telling you these stories from the Fifth Gospel…It was absolutely essential that knowledge of such facts should be brought into Earth evolution at the present time. These things are communicated from an inner sense of obligation, so long as human souls are prepared to receive them. It is extremely difficult to speak of them. Our studies of these facts have gradually shown what must come alive in our souls so that we may truly have a part in the ongoing evolution of humanity. The meaning and purpose of human evolution on Earth is that human souls should become more and more conscious of their mission.

“The Christ has come. His impulse has been a real influence. It will become more and more necessary for people to understand the Christ, who entered into the bodies of Jesus of Nazareth and through them into the Earth’s aura and therefore the living evolution of humanity.”
                                                                          *
Here is a brief overview of time and space in the life of Jesus of Nazareth included in the lectures, which I give as backdrop, before bringing focus to particular aspects:

We are given pictures of Jesus of Nazareth’s life from his twelfth year when the ‘Zarathustra ego’ has transferred to the soul being of the Nathan Jesus. He is engaged in his father’s carpentry trade until his sixteenth or seventeenth year. It is a painful realization for Jesus when he discovers that it is no longer possible for the Jewish teachers who follow the ancient tradition of the Old Testament to hear the voice of revelation from the divine spirit which was accessible to them in the past. From about age sixteen to twenty-three Jesus travels, gaining knowledge and wisdom through his meetings with humanity. In his twenty-fourth year he receives the revelation of the ancient macrocosmic prayer of the Mysteries at a pagan altar. He recognizes that the pagan religion has fallen into decay. When he returns home he forms a relationship with members of the Essene community in Nazareth. He recognizes that Lucifer and Ahriman are forced to flee from the gates of the Essene communities and asks himself: Where do they go? We see him in his thirtieth year disclosing to his mother in a significant conversation what lives in his soul as a result of all he has experienced since his twelfth year. The ‘Zarathustra ego’ departs from him with the powerful words he speaks to his mother. He is drawn to seek John the Baptist at the Jordan River. On the way there he has three significant encounters. At the River Jordan the baptism by John and the descent of the Holy Spirit occur. The Christ Spirit enters the physical, etheric and astral sheaths of Jesus of Nazareth. Jesus feels drawn into solitude for a confrontation with Lucifer and Ahriman. He undergoes the three temptations. Through temptation by Ahriman a way is laid for Jesus’ betrayal by Judas to his death. At Jesus’ death the Christ Spirit becomes one with the Earth and its evolution. The Apostles experience an outpouring of all-prevailing cosmic love at Pentecost which comes from the Christ Spirit. It is from that point in time that the Christ impulse starts to spread.                                                                         
                                                                       *                                                                                          
Steiner gives a helpful description of his method of research into the scenes and stories he portrays. He brings stages of this method at some length to the attention of his listeners at the second Cologne lecture in the passages which follow:

“I would like you to have some idea of ‘occult research’, as we may call it, which makes it possible to penetrate to facts like those we considered yesterday. The first thing to be said is that such research consists in reading the Akashic Record …It has to be realized that essentially the universe contains nothing but states of consciousness. I have shown in my book ‘The Threshold of the Spiritual World‘(‘The Road to Self-Knowledge and the Threshold of the Spiritual World’. GA 16 & 17, London: RS Press 1975) how vision gradually rises above the level where objects and material processes are seen all around you…Finally you come to a region where you only find entities in various states of consciousness…”

He speaks about the significance of the beings of the Third Hierarchy in our thinking, so we are conscious of it in our search for higher vision:

“Initially thoughts exist in our conscious mind, but not only there. Angels also have that thought…the whole of our thought world is a thought of the Angels …To achieve higher vision the mode of thinking we use in relation to the physical world and to existence on Earth will not help us. For higher vision you need not only to think, but also to be thought, and to know that you are being thought…You must feel the conscious awareness of the Angels welling and actively moving within you. This will give you insight into the progressive impulses of evolution, for instance the truth about the Christ impulse…The Angels are able to think those impulses; we human beings are able to think and characterize them if our attitude to our thoughts is one where we give them over to the Angels, letting them think in us. When this becomes true individual human experience, you inwardly enter into the thoughts of the general Christ truths, let us say, or other thoughts concerning the wise guidance of Earth evolution.”

Steiner continues: “Anything relating to individual periods of Earth evolution is thought by the Archangels. Your thoughts are taken to a particular period by an Archangel”.

And with reference to the Spirits of Personality, the Archai: “Anything connected with entering into the soul of an individual experience can only be investigated when the words: ‘The soul offers itself to be food to the Archai’ or ‘You are consumed to serve the Archai as spiritual food’ acquire real meaning to you. …“Human beings are to the Archai what grains of wheat are to you as human beings. We have to know this from living experience and not as mere theory, relating to the Archai the way a grain of wheat would if it were ground to a pulp by our teeth and then passed through our gullet and stomach in the knowledge: I am human food.   So we must know: I am Archai food, I am digested by the Archai; this is their life, which I live in them. The analogy is perfectly true, for your soul has to be ground to a pulp and you must feel this. Higher investigation is not possible without inner pain and suffering.”

In conclusion he says: “Then we share in the conscious awareness of the Archai, just as we share in the conscious awareness of the Archangels, knowing that the Archangels are taking our souls into a particular age, and we share in the conscious awareness of the Angels when we know that our thoughts are thought by the Angels.”

                                                                        *
Steiner gives us vivid imaginations like the grain of wheat being ground to a pulp by our teeth to help us penetrate deep truths revealed in the Fifth Gospel. Here is another: Someone with true, reverent occult feeling approaches the Mystery of Golgotha like someone walking stealthily around a building that is all closed up, having only a faint idea of what goes on inside. There is a window at one point, and through the window it is possible to witness a small part of what goes on inside. “The Mystery of Golgotha is such a window on the world of the spirit; this picture can help us to see that this event was an affair of the Gods. The Gods opened a window in the heavens, and for a while dealt with their affairs in the sight of human eyes”.

                                                                        *
 The following are scenes narrated from the period of Jesus of Nazareth’s travels between his sixteenth and twenty-fourth year. They give us an imagination of the circumstances surrounding his becoming aware of the ancient prayer, the ‘Macrocosmic Lord’s Prayer’, and show what lived in his soul leading up to the Mystery of Golgotha.

At the beginning of this period, at age sixteen or seventeen, Jesus had already come to realizations that were painful for him. He learned clairvoyantly that the Bath Kol, an ancient voice of inspiration in Judaic tradition, was no longer able to connect with the greater source of Jewish inspiration, Yahweh. This meant that the Jewish sages of Old Testament tradition could no longer receive through the Bath Kol the revelations of the Divine that had been possible in the past. Human consciousness had evolved and it was no longer possible under the circumstances of the time. This knowledge was painful to Jesus, and saddened him.

Carrying this knowledge in his soul, Jesus travelled widely inside and outside of Palestine. There was a widespread cult at that time in the Near East and Southern Europe, which was predominantly a cult of Mithras. Ancient pagan rites were practiced with customs and celebrations of Mithraic and Attic cults mixed in. Jesus came to know people who followed this pagan cult and he attended services. Through his clairvoyance he could see demonic spirits were attracted by the rites. Some of the images used were in fact images of evil demonic powers, worshipped in ignorance. He could see evil powers enter into the faithful. It was a bitter experience to the young man that the glory of the old pagan rites had fallen into decay in this way.

                                                                                                                                   
In Steiner’s graphic words: “In his twenty-fourth year Jesus of Nazareth came to a pagan place of worship where offerings were made to a particular god. But the people all around were sad and afflicted with all kinds of terrible diseases that affected their souls and also their bodies. The priests had long since deserted the place. Jesus hears the people lamenting that their priests had abandoned them, that the blessings of offering no longer came down upon them, and they had become leprous and sick. It pained him deeply to see their suffering and oppression and an infinite love for these people arose in his heart. The people who were there must have noticed something of this love; it must have made a deep impression on them as they lamented their abandonment by the priests and, they felt, by their gods. And immediately something arising in their hearts made them say in recognition of the infinite love they saw in his face: ‘You are the new priest who has been sent to us’. They pushed him towards the altar. They demanded that he should perform the offering service so that the blessings of their god might be theirs again.”

At the pagan altar Jesus of Nazareth fell down as if dead. His soul was raised to realms of spirit, “as if to realms of Sun-existence”. From there it heard the transformed voice of inspiration of the Bath Kol sounding the words of the all-powerful prayer from ancient sacred teaching, which had been forgotten. Rudolf Steiner called this the ‘primeval macrocosmic Prayer’ in his address at the laying of the Foundation Stone for the first Goetheanum. From the lecture in Cologne 17 December 1913 Steiner says “…Jesus of Nazareth felt the prayer contained, in highly concentrated form, the secret of human evolution and embodiment in earthly incarnations” and “reveals the laws according to which the human being incarnated from the macrocosm into a microcosm”. Steiner adds for himself that since the words of this prayer became known to him, he found them extraordinarily significant for meditation. In his words: “The power of these words over the soul is quite extraordinary and you perceive this power all the more the longer you contemplate them. If you then try to look at them in detail and understand them, you find that they do indeed hold the secret of man and the destiny of humanity in a nutshell, and how their reversal gave rise to the microcosmic Our Father which the Christ gave to his disciples”.

In his twenty-fourth year Jesus returned home to Nazareth. He formed a relationship to the local community of the Essene Order and was able to participate in a lively exchange of ideas with members. Through their ‘pure’ way of living they kept the influence of Lucifer and Ahriman away from their communities in order to receive the blessings of divine guidance. He learned a great deal from them of traditional Hebrew secret knowledge. By his twenty-seventh year Jesus had learned almost everything they had to offer. He also experienced important clairvoyant impressions relating to his connection with that community. At home he pondered on the powers he had been given, and on the significant experiences which had arisen in his soul regarding the Essenes and how they lived. He met and often talked to John the Baptist here, who was a lay brother of the Essenes at this time.

In his thirtieth year Jesus of Nazareth has a significant conversation with his (step)mother, in which he unburdens his soul to her of the experiences he has undergone since his twelfth year. He tells her of the three experiences which gave him knowledge bringing pain and sadness to his soul (first, of those involved in Judaic tradition no longer being able to access divine revelation from the Bath Kol; secondly, his experience of the decay of pagan religion; and thirdly, in connection with his experience of the Essene
community). In words from the Fifth Gospel Jesus describes to his mother an experience he had at the gate of the Essene community: “’Once I left the Essenes after an important, personal conversation, and when I reached the main gate I saw Lucifer and Ahriman running away. Since then, dear mother, I know that the Essenes protect themselves from them with their life-style and secret doctrine, and Lucifer and Ahriman have to flee from their gates. But by sending Lucifer and Ahriman away the Essenes are making them go to other people. They gain blessedness by saving themselves from Lucifer and Ahriman.’ Having lived among the Essenes Jesus knew that there was a way of reaching the heights where we unite with the divine and spiritual, but it could only be done by individuals and at the cost of others. He knew now that the connection with the world of the divine and the spirit could not be established in the traditional Hebrew, the pagan or the Essene way.”

At the end of the long conversation with his mother we see the great effect of Jesus’ words. She is transformed. The Zarathustra ego departs from Jesus with the words addressed to his mother, the infinitely open ego of the Nathan Jesus (without earth-life experience) comes again to his soul which prepares him for the Baptism. He is drawn to seek John the Baptist at the Jordan. On his way there he has three significant encounters. These encounters are connected to the earlier experiences which filled Jesus’ soul with knowledge and pain, and in a way respond to them. (For example, to two Essenes he meets on his way: “Vain is your endeavour, for your hearts are empty; you have only filled them with the spirit who deceptively covers pride and arrogance with a cloak of humility”). At the baptism by John the Christ Spirit descends from the Heavens and enters the physical, etheric and astral sheaths of Jesus of Nazareth. He is drawn to seek solitude for a confrontation with Lucifer and Ahriman, knowing them to be the spiritual entities humanity have to contend with on Earth. The three temptations take place: one by Lucifer, one by Lucifer and Ahriman combined, and one by Ahriman alone, this last being the one that the Christ Being is unable to fully repudiate. From the Gospel “If thou be the Son of God, command that these stones be made into bread”. Jesus answers “Man shall not live by bread alone, but by every word that comes out of the mouth of God”. Ahriman knows the Christ Spirit needs Earth experience as a human being to be able to fully respond to the offered temptation and take away its power. In the words of the Fifth Gospel as reported by Steiner: “Ahriman’s reply was: ‘You may be right. But the fact that you are right and the extent to which you are right cannot prevent my having a certain hold on you. You only know how the spirit acts that descends from the heights. You have not yet been in the human world. Down there you find people who truly need to turn stones into bread. They cannot possibly live by the spirit alone’. This unresolved aspect leaves a way open for the Lord of Death, Ahriman, to use his influence for the betrayal of Jesus and thus to his death on the Cross.

The Fifth Gospel continues: “Ahriman’s question had to remain unanswered so that it would become the ideal for Christ Jesus to pour himself into Earth evolution and gradually and slowly influence the whole future evolution of the Earth. This could not just be done at the level of the soul. The whole of future Earth evolution had to be filled with the Christ spirit!  Ahriman had the power to impose on the Christ the necessity to truly connect himself with Earth evolution. He therefore entered into Judas later on, and in him had the means of truly bringing about the death of Christ. Through death the Christ essence then entered into the Earth essence. Judas’ deed was the question put by Ahriman that could not be fully answered. (‘They cannot live by the spirit alone.’) The luciferic temptation could be overcome inwardly, in the soul. Every human soul has to do this inwardly. Ahriman’s nature is such that he will be overcome as human evolution progresses if human beings let the Christ essence enter into them more and more, identifying themselves with it”.

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This leads us to contemplate our relationship to the living Christ today.

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 Sources:
  1. ‘The Fifth Gospel – from the Akashic Record’. Thirteen lectures by Rudolf Steiner given in Oslo, Berlin and Cologne between 1 October 1913 and 10 February 1914. Published by Rudolf Steiner Press 1995.
  2. Section from ‘The Christmas Foundation: Beginning of a New Cosmic Age’ by Rudolf Grosse; section ‘Laying the Foundation Stone of the First Goetheanum’. Published in the original German by the School of Spiritual Science, Goetheanum, Dornach, Switzerland, for the members of the General Anthroposophical Society.
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Judy King April 2014