Le congrès À la rencontre de
notre humanité : De la connaissance à l’action consciente se déroulera
à Ottawa, du 7 au 14 août 2016. Entretien avec Arie van Ameringen, secrétaire
général de la Société anthroposophique au Canada, qui en est l’idéateur.
Le congrès a un triple objectif, selon vous. Lesquels?
D’abord resserrer des liens plutôt distendus entre la Société anthroposophique
et les diverses initiatives. Puis constater l’accomplissement de près d’un
siècle d’anthroposophie; enfin et surtout, préparer l’avenir. Comment vivre
l’impulsion anthroposophique dans la vie pratique? Peut-on découvrir ensemble des
réponses que ne fournit plus la tradition? Comment humaniser (spiritualiser)
nos domaines de travail quotidien ?
Ces questions participent au travail de l’évolution de l’être humain
en vue d’entrer en relation avec le monde spirituel. La capacité de rejoindre
l’autre jusque dans sa souffrance appartient certes à la 6e époque,
mais en cultivant une vie intérieure riche, je peux déjà m’y préparer. Si je me transforme moi-même, je peux mieux aider
l’autre, en commençant par l’accepter comme il est. Rudolf Steiner en parle
dans les conférences IV et V du cycle Du
symptôme à la réalité dans l’histoire moderne. (GA 185). Il y mentionne
qu’à l’époque de l’âme de conscience, toute la vie doit être imprégnée des
idées qui émanent uniquement du monde spirituel.
Qu’exige l’époque michaélique qui est la
nôtre?
Le passage de la connaissance à l’action consciente. L’information
sur l’anthroposophie est disponible partout, et on sait que nous,
anthroposophes, avons abondamment cité Steiner au 20e siècle! Maintenant
que nous avons le savoir, que fait-on de cet héritage? Il ne s’agit pas de rester
dans le contenu, mais d’expérimenter l’anthroposophie, pour voir comment elle
inspire nos actes. Là, nous sommes dans le comment,
avec le piège inhérent au comment,
qui consiste à tomber dans la recette. Je suis professeur Waldorf ou
médecin anthroposophe, par exemple. Ai-je pris soin de cultiver le lien avec
l’inspiration première de l’anthroposophie ou suis-je dans la technique, dans
l’application d’une recette? Mon action répond-elle encore aux besoins de notre
époque?
Nous devons faire entrer l’anthroposophie dans une phase nouvelle, celle
de l’action consciente. Agis avec discernement, et tu verras toi-même si ton
geste est moral, quitte à corriger le tir en cours de route, en travaillant sur
les conséquences des actes auxquels tu te seras lié. Il s’agit de trouver ainsi
la moralité par sa pensée liée au cœur, et non plus à partir de directives
extérieures. On en trouve d’amples explications dans La philosophie de la liberté. Les exercices proposés dans la Pierre
de Fondation nous aident également dans ce sens.
Le congrès d’Ottawa s’insère aussi, selon
vous, dans une suite d’événements. Pouvez-vous préciser?
Oui, il y a une convergence dans l’espace et le temps. Dans l’espace d’abord. Capitale d’un
pays officiellement bilingue, Ottawa est historiquement un lieu de rencontre en
Amérique du Nord. D’abord pour les Premières nations, qui ont instauré sur une
petite île un lieu de rassemblement sacré depuis des siècles. La cité est aussi
un compromis lié à l’histoire du Canada, capitale médiatrice entre Montréal, la
française, et Toronto, l’anglaise. Quelque chose de l’âme d’entendement survit
en Amérique du Nord avec le fait français. De par son histoire, Ottawa nous
exhorte à bâtir la communauté future en intégrant la diversité des apports.
Convergence dans le temps ensuite. L’année 2016 est celle du 400e
anniversaire de la mort de Shakespeare, qui a mis en scène les multiples
facettes de l’être humain. Celle aussi de la présentation du Faust au Goethéanum,
là où se tiendra également le congrès de la Michaëlie. Faust, ou l’être humain
contemporain dans sa confrontation au mal. Tout cela nous incite à renforcer, seuls et
avec les autres, la « conscience de notre humanité», qui est l’apport unique de
l’anthroposophie au monde et à son évolution.
ENCADRÉ
Le congrès anthroposophique nord-américain À la rencontre de notre humanité se déroulera à la Cité collégiale
d’Ottawa, du 7 au 14 août 2016. L’événement est conçu selon le rythme de la
semaine : lundi (biographie et karma); mardi (pédagogie); mercredi
(médecine); jeudi (la terre et les sciences); vendredi (les arts,
l’architecture); samedi (comment édifier la communauté); dimanche (religion,
spiritualité, méditation), avec, en filigrane, les études relatives à la
section d’anthroposophie générale, des ateliers artistiques, etc.
Six responsables du Goethéanum - Bodo Von Plato, Paul McKay, Seija
Zimmermann, Constanza Kaliks, Joan Sleigh et Marianne Schubert - comptent parmi
les conférenciers-clefs. Il y aura également plusieurs apports de personnes
venant de l’Amérique du Nord. En plus des activités communes de chaque jour, celles
et ceux qui le veulent pourront présenter le fruit de leurs recherches
personnelles, à partir d’une question qui concerne un domaine de travail ou une
initiative en lien avec un thème du congrès (contacter John Bach, jbbach@yahoo.ca).
Les jeunes vont aussi vivre leur propre rencontre pendant cet événement.
Adresse du site web du congrès, en ligne à partir du début
octobre :
encounteringourhumanity.ca alarencontredenotrehumanité.ca
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