- Arie van Ameringen
Chers amis,
Dans
quelques semaines, il y a aura 100 ans que la Première Guerre mondiale éclatait
et allait bousculer et changer tout le cours du 20e siècle. Les raisons
sociales et politiques de l’époque nourries de sentiments nationalistes ont été
des déclencheurs et ont marqué le déroulement des événements tragiques du
siècle dernier. Aujourd’hui, lorsqu’on observe la situation en Europe et
ailleurs dans le monde, on constate une remontée de sentiments nationalistes
martelant sur la fierté, la supériorité et dans plusieurs cas, le désir de
créer des régions ou pays indépendants. On semble faire un retour vers le passé
où des valeurs nationales et régionales veulent prendre le dessus
sur les valeurs humaines universelles, alors que de nouvelles formes sociales
doivent voir le jour. Dans notre pays, on n’est pas à l’abri de cette tendance.
Vous vous souvenez peut-être comment en 2012, notre gouvernement mettait
l’accent sur la victoire du Canada sur les États-Unis lors d’une bataille de 1812
pour mousser notre fierté et aux dernières
élections au Québec, le Parti Québécois jouait
sur des sentiments d’identité nationale d’un niveau assez simpliste.
La communauté spirituelle
le Dimanche 8 juin, j’assistais à la Fête de la Pentecôte
de la branche Sofia (anglais et français) à Montréal qui, dans les deux langues,
abordait cet événement des langues de feu décrit dans les Actes des Apôtres. Dans
le cercle, chacun des participants apportait une contribution pour la
compréhension de la fête de la Pentecôte. Nous avons ainsi évoqué cette image
de langue universelle, toute humaine, au-delà
d’une langue régionale, celle qui réunit tous les êtres sur la terre, cette
langue hautement spirituelle qui réunit les êtres humains de toute tendance. En
1916, Rudolf Steiner disait par rapport au festival de la Pentecôte :
‘’Et pour ceux qui
sont à la recherche du spirituel, cette fête de la Pentecôte a un sens et une
profondeur particulière; c’est un appel continuel pour un renouveau de la quête
spirituelle. À notre époque, il est nécessaire de prendre ces pensées à propos
de cette fête avec un sens plus aigu qu’à d’autres époques… Car la façon que
nous allons sortir des événements tragiques de notre temps va dépendre en
grande partie de comment les êtres humains vont être capables de vivre ces
pensées’’. (Cologne, 7 juin 1916)
Des questions au sein de la
Société
En avril dernier, après l’assemblée générale au Goethéanum,
je réalisais comment certaines questions fondamentales sont toujours présentes comme
des défis auxquels la Société doit faire
face.
J’en mentionne quelques-unes
et les aborde brièvement avec des exemples :
- Comment protéger Rudolf Steiner et son œuvre?
- Quelle est notre attitude envers « l’autorité » dans la Société?
- Comment agir avec les mouvements antagonistes?
- Comment prend-on des décisions qui tiennent compte d’une représentation de tous les membres?
Avec la levée des droits d’auteurs, les œuvres de Rudolf
Steiner peuvent être publiées par quiconque sans que la Rudolf Steiner Nachlass
(maison qui possède toutes les oeuvres original à Dornach – à ne pas confondre ici avec le comité
directeur qui n’a pas de juridiction dans ce domaine) puisse imposer son droit
de regard. On le constate avec la publication récente de quelques ouvrages
commentés par Christian Clement dans la prestigieuse maison d’édition (non-anthroposophique)
Frommann-Holzboog en Allemagne. Les quelques ouvrages publiés avec commentaires
soulèvent déjà beaucoup de réactions; d’après certains, on semble dénaturer complètement
le travail de Rudolf Steiner.
Il y a malheureusement des critiques, pas toujours
constructives, qui circulent quant aux décisions prises au Goethéanum . Le comité directeur ne veut pas opter
pour un président de la Société, mais travaille avec le comité élargi (les secrétaires
généraux des Pays-Bas, de l’Allemagne et la Suisse), les responsables des
sections et fait appel deux fois par année à tous les secrétaires généraux pour
consultation. C’est intéressant d’observer que le mot « autorité »
réfère d’abord à la notion de soi (« auto »). Dans ce sens, les
décisions prises doivent être rendues par consensus. Il reste que notre soutien
au Goethéanum et aux décisions qui y sont prises est d’une importance
primordiale.
Parfois des positions antagonistes doivent vivre côte à
côte. Les récents débats autour des écrits de Judith Von Halle et les
commentaires de Sergei Prokofief ont amené une polarisation de certains groupes.
L’ère michaélique nous demande de faire preuve de plus en plus de responsabilité
ainsi que de créer de nouvelles formes de collaboration qui ne soient pas
issues de la tradition. Le Goethéanum a encore une fois prévu une journée de
rencontre à l’intention des membres, soit le 8 novembre prochain afin d’aborder
les sujets qui portent à controverses. Cette initiative est assurément louable,
car elle favorise la rencontre entre les
membres.
À la dernière
assemblée de la Société à Dornach, j’étais frappé par le fait que la plupart
des membres présents venaient des pays limitrophes alors que la prise de décision
se faisait au nom de tous les membres. Nous avons le même défi au Canada, quand
une assemblée se tient à un endroit donné et que les décisions sont votées et acceptées
par une majorité de membres locaux.
Le thème de l’année
Le thème s’ajoute au thème de l’année précédente : Le « Je »
se reconnaît à la lumière de l’affirmation michaélique du monde. Le «Je »
ne peut se connaître qu’en rencontrant l’autre. Les relations karmiques qui sont
identifiées apportent une dimension riche pour le travail en commun. Cette
connaissance de soi peut devenir une source pour agir dans le monde. Un agir
basé sur une compréhension éclairée des besoins de notre époque. En allemand, le mot Bejahung (affirmation) comprend le mot « Ja », le oui.
Dire oui au monde est une intention qui malgré tous les éléments négatifs que l’on observe : pollution, violences, inégalités sociales, etc. appelle une action qui sort des sentiers battus, qui innove et favorise un espoir pour le monde de demain. On peut le faire au réveil du matin en ayant cette pensée affirmative que notre travail intérieur peut être un soutien à nos actions. L’affirmation michaélique doit nous inciter à spiritualiser nos actions.
Bon été à tous,
Arie van Ameringen
Secrétaire général
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