- de Mark McAlister
Il est toujours intéressant d’aller fouiller dans nos archives pour redécouvrir « ce qu’on fabriquait » dans le bon vieux temps! Voici quelques exemples de mes propres articles parus dans le bulletin des membres durant les années 80 :
« Le texte imprimé
permet à des communautés éparpillées d’œuvrer en commun. Le bulletin est un
moyen par lequel une communauté peut trouver une identité. Et le bulletin n’est
pas moins important pour ceux qui ne le lisent pas! Si, après y avoir jeté
quelques coups d’œil rapides, le lecteur décide que cela ne vaut pas la peine
de lire le bulletin en question, il se met par le fait même à se demander s’il
vaut vraiment la peine d’être membre de cette communauté. Quel que soit le
résultat de cette expérience, le bulletin a provoqué chez le lecteur un
questionnement sur l’identité de sa communauté. » (Michaëlie 1981)
- Dessin original de Debbie McAlister
« Un bulletin fait office d’atelier pour ses lecteurs et ses collaborateurs
et peut ainsi se transformer en conversation. Des découvertes personnelles y sont
proposées et peuvent servir de matière à réflexion pour le développement de la
communauté entière. Si on lit ces trouvailles personnelles et qu’on les “entend”,
alors la communauté n’est plus une simple abstraction… À présent, notre
bulletin se divise en deux volets. La rubrique “Membres” capte des impressions
vivantes d’une Société anthroposophique émergente. Le volet “Vocations et
Professions” fournit des témoignages (même si ce n’est que sous une forme très
voilée) de la rencontre avec l’Esprit du Temps… Cette configuration de notre
bulletin reflète la configuration à la fois ésotérique et exotérique de notre
Société. » (Pâques 1982)
« J’ai préparé ce numéro du Bulletin en
utilisant un microordinateur fonctionnant avec le système CP/M et en me servant
du traitement de texte Magic Wand. Après avoir rentré le texte en entier dans
un fichier informatique, j’ai pu apporter des corrections et le formater
électroniquement… Tout membre qui voudrait recevoir le bulletin par
transmission en ligne devrait me le faire savoir, et nous pourrons en
déterminer les modalités ensemble. (Les usagers de Mattel s’abstenir!!) »
(Automne 1982).
Et voici un article que j’ai rédigé lors de la Michaëlie de 1983 :
L’année mondiale de la communication
<< L’Assemblée générale des
Nations Unies a déclaré que cette année sera l’Année mondiale de la
communication. Cet événement vise à attirer notre attention sur les
politiques gouvernementales relatives aux communications et à développer des
réseaux de communication mondiaux – surtout en ce qui concerne les pays en voie
de développement – destinés à éliminer l’isolement de ces pays de la communauté
nationale et internationale. >>
Cet énoncé, paru dans le
numéro de mars 1983 du Bulletin de Recherche et Développement, publié par Science et Technologie Canada, est
audacieux. L’auteur semble croire que la technologie peut apporter des
solutions à des problèmes humains.
Par le présent article, je prétends offrir un bref survol des techniques de la
communication et attirer l’attention autant sur ses contributions que sur ses
limites. Je ne me considère pas du tout un spécialiste en matière de
technologie, mais mon travail quotidien de rédacteur technique m’a appris à
considérer de tels énoncés comme étant affreusement unilatéraux.
Diffusion
radiotélévisée : Il
est évident tout d’abord que les appareils de diffusion radiotélévisée
permettent la communication dans un seul sens. Un signal audio ou vidéo peut
être diffusé sur un vaste territoire; l’usager peut changer de canal, mais ne
peut pas répondre directement au diffuseur. Et de toute façon, rien ne garantit
que le diffuseur soit encore « là ». (Il a pu avoir enregistré
l’émission des semaines à l’avance et être lui-même en vacances.) Il est vrai
que les appareils de diffusion ont apporté une contribution importante – et
sous bien des aspects bénéfique – à notre culture. Un « auteur »
n’est plus obligé de se limiter à produire un texte imprimé, par exemple. Mais
nous avons pris l’habitude d’utiliser ces appareils sans y faire attention et
nous ne les utilisons pas correctement.
Un exemple pourra illustrer
combien la chose peut devenir problématique. Faites un effort pour essayer
d’identifier l’ensemble des intentions derrière n’importe quelle émission de
télévision. Il y aura certainement quelque part un auteur ou une équipe
d’auteurs dont le seul but est de nous amuser, ou peut-être de nous communiquer
des informations. Mais il y a d’autres agents qui ont une influence sur le
contenu. Les commanditaires (tels les propagandistes du tiers monde) ont appris
à manipuler les téléspectateurs, mais dans des buts fort différents. Quels sont
les « messages » que vous allez laisser pénétrer dans la vie de votre
âme?
De
personne à personne : Plusieurs citoyens assez fortunés refusent d’acheter des postes
de télévision, mais combien d’entre eux peuvent se passer du téléphone (à moins
d’avoir à leur disposition un majordome pour filtrer les appels indésirables!)?
La communication instantanée qui se fait
à travers des distances considérables présente des avantages incontestables –
mais ne rend pas pour autant les relations humaines plus faciles. Les récents
pourparlers en vue d’améliorer les lignes téléphoniques entre Reagan et
Andropov sont souhaitables, mais ne donnent pas pour autant matière à
réjouissance.
Ce qu’il faut tenir présent
à l’esprit, c’est le fait que c’est dans la sphère de l’âme que nous vivons véritablement
les uns avec les autres. Nous croyons sans difficulté que le seul lien que nous
ayons avec l’ami au bout du fil est le fil lui-même. (Mais ceci n’est pas
toujours le cas. La communication est fréquemment brisée, à chaque pause entre
les mots, pour permettre au canal de passer une autre transmission.)
Information : Nous vivons
actuellement dans la troisième ère de la technologie des communications, que je
nomme « communications multilatérales ». On commence à annoncer
partout l’aube d’une nouvelle ère, tout à fait merveilleuse, qui s’appelle
« l’ère de la technologie ». Les ordinateurs peuvent maintenant
servir à emmagasiner des données et à les transmettre d’un individu à un autre,
d’un commerce à un autre, ou même d’une culture à une autre – permettant ainsi
aux communications de franchir bien des barrières.
Les avis sont radicalement
partagés sur la question de savoir quel sera le dispositif clé pour effectuer
la transition à cette nouvelle ère. (Votre propre avis sur cette question
pourrait dépendre de comment vous avez investi votre argent!) Les trois acteurs
principaux sont les fabricants d’ordinateurs, les concepteurs de logiciels, et
les fabricants du modeste « commutateur par paquets » qui permet à
des appareils disparates de « parler » les uns avec les autres.
Pouvons-nous tirer profit
de cet échange de données à la grandeur de la planète sans souffrir la perte de
notre âme et de notre cœur? Nous accumulons et distribuons d’énormes quantités
de données, mais toute cette publication fiévreuse ne suffira pas à
« éliminer l’isolement ». Il nous faut renouveler les concepts
d’« auteur » et de « lecteur » et favoriser l’esprit même de la communication, ce
qui sera certes un défi de taille pour quiconque se soucie de la qualité de la
parole, mais un défi encore plus grand pour les rédacteurs!
Que signifie
« communication »? Votre réponse dépendra de votre idée de ce qu’est
un être humain.
Un grand nombre de penseurs
de renom voient l’être humain comme étant une machine de traitement de données,
une machine sophistiquée à laquelle on peut apporter des améliorations. Des
logiciels peuvent être conçus pour « incarner » les idées les plus
perfectionnées et poser les bases d’une société améliorée. Est-ce que cette
idée est réaliste ou non? Quoi qu’il en soit, il n’en est pas moins vrai que de
plus en plus de gens adoptent, en partie inconsciemment, une conception
« électronique » de l’homme. Dans ce cas, la communication
signifie : établir le contact, échanger des signaux, mettre fin au
contact. La conversation est impossible, et on a recours, pour garder les canaux
ouverts, à du marchandage, au compromis et à des gestes de conciliation.
Si l’on considère par
contre que l’homme est un être de nature spirituelle, la communication est toute
autre chose. On écoute. Cette
activité d’écoute est décrite dans les lettres de Rudolf Steiner aux membres
(dans le volume Les Lignes directrices de
l’Anthroposophie, Éditions Novalis).
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