— Impressions des conférences de Dennis Klocek, par Vivien Carrady
Quelles sont les implications pour notre volonté sociale lorsque dans le
monde que nous habitons c’est la technologie qui définit et qui explique ce que
veut dire « être humain »? Dennis Klocek décrit la technologie comme
étant de la « volonté magique »; c’est-à-dire un succédané artificiel qui remplace notre
volonté. L’effort humain est mis en péril lorsque la volonté est impliquée dans
la technologie. « J’appuie sur un bouton, et cela se fait tout
seul! » Notre besoin croissant de vitesse et de facilité d’utilisation a
un effet nuisible sur notre capacité d’exiger, de nous-mêmes et des autres, autre
chose qu’un strict minimum d’effort. Demandons-nous alors : quelle est la
qualité d’attention que nous souhaitons recevoir du monde environnant et que
nous voulons donner à ce monde environnant? Comment pouvons-nous nous développer
comme êtres humains et réaliser un véritable progrès culturel dans un monde de
plus en plus « techno »? Quelles sont les implications de cette
volonté magique, et comment devons-nous gérer les technologies numériques dans
nos vies?
Dennis Klocek nous rappelle que les problèmes sociaux doivent être
résolus à partir du cœur – des forces imaginatives du cœur. Ces forces, nous
les formons à travers les pratiques anthroposophiques telles que la méditation
et l’eurythmie. De telles pratiques développent un profond et durable
enthousiasme envers le spirituel. Cet enthousiasme est essentiel lorsqu’on veut
éveiller et intégrer notre volonté sociale à notre être intime. Ce n’est qu’en
travaillant l’imagination que nous arriverons à favoriser un renouveau culturel
et social, à surmonter les « manipulations géniales de l’innovation »
pour imprégner à la technologie la liberté qui d’après Dennis Klocek est
l’apanage du « Je ».
La formation des forces du cœur exige le développement de la capacité de
vivre avec l’ambigüité. Dennis Klocek prévoit un avenir dans lequel l’ambigüité
ira en croissant et dans lequel il faudra avoir développé une tolérance permettant
de vivre pendant de longues périodes de temps sans recevoir de réponses. C’est
là l’exigence fondamentale de la connaissance imaginative et des vérités
supérieures qui font partie intégrante du paradoxe. Alors que les
« vérités inférieures » permettent des réponses et des opinions, les
« vérités supérieures » s’ouvrent sur la sagesse cosmique. Nous
apprenons à penser « sans pensées », à créer « des imaginations
vivantes dans l’âme », et à les laisser se réveiller dans l’autre.
En effet, si nous nous « émerveillons »
vraiment suffisamment, le monde devient « merveilleux ». Les objets qui nous entourent – y compris nos
multiples appareils numériques – deviennent des instruments qu’on peut utiliser
pour le bien commun et qu'on peut mettre au service des autres.
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