- Micah
Edelstein
Lors de
notre modeste festival d’Ascension à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, j’ai
demandé à Judy King si on allait me demander de dire quelques mots durant l’AGA
de Montréal. Je voulais être bien préparé pour vivre ma première AGA. Judy m’a
souri et m’a dit tout simplement qu’on pourrait peut-être me demander de parler
brièvement de la représentation des jeunes au sein de la SAC. Je l’ai remerciée
de ce renseignement et de m’avoir procuré les fonds me permettant de me
déplacer pour assister à l’évènement. Je me suis mis à réfléchir sur ce que
pourrait être cette représentation des jeunes. Je l’appelle « la question concernant
les jeunes ».
J’ai
récemment développé une nouvelle compréhension et une profonde appréciation pour
la force qui nous vient du fait de vivre avec les questions. Avant, je cherchais
à trouver à l’extérieur de moi-même les réponses aux questions qui surgissaient
en moi. Depuis quelque temps maintenant j’en suis venu à comprendre que l’essentiel,
c’est la question elle-même. Il n’est certes pas facile de vivre avec la
question juste, mais ce que nous recevons lorsque nous réussissons à le faire n’est
rien d’autre qu’un cadeau des dieux. C’est
précisément ce cadeau qui se perd dans la course que nous menons pour découvrir
la réponse. Ce qui vit dans la question, c’est une lueur de notre propre
conscience divine. Les réponses sont par conséquent, pour notre pensée courante
dense et rigide, des questions qui viennent mourir à l’intérieur de nous-mêmes.
En d’autres mots, en notre conscience qui aspire à s’élargir les réponses pénètrent
comme une sorte de poids. Plus on trouve de réponses et plus nous devenons
intérieurement lourds parce qu’ainsi nous rendons notre conscience semblable à
la pesanteur. La « pensée
pesanteur » attache un concept fixe à ce qui devrait être une conscience
vivante pleine de souffle. Par là elle rend notre pensée semblable à l’élément
terre. On pourrait dire que les réponses emprisonnent notre conscience divine
tout comme la pensée matérialiste emprisonne les êtres élémentaux.
Pour contrer
cette tendance, on peut vivre l’expérience d’une « conscience-légèreté »
lorsqu’on formule des questions tout en se gardant de leur attacher des
réponses concrètes. C’est dans cet esprit que j’ai choisi de porter la question
de la représentation des jeunes à l’intérieur de la Société comme une question
vivante sans réponse concrète. Ari-Paul Saunders, un autre jeune membre de la
Société, a traité cette même question dans sa lettre adressée à l’AGA. Nous
nous sommes mis d’accord pour explorer cette question ensemble. Nous
entretenons l’espoir que notre dialogue donnera naissance à quelque chose qui
pourra être présenté à la prochaine AGA.
J’aimerais
aussi mentionner ici une conférence remarquable que j’avais été amené à lire
avant le congrès. The Necessity for New
Ways ofSpiritual Knowledge (« La nécessité de nouveaux chemins vers la connaissance
spirituelle »). J’ai trouvé que
cette conférence de Rudolf Steiner abordait les questions fondamentales qu’on
allait traiter lors de l’AGA et ouvrait une perspective approfondie sur le
thème central du congrès : notre volonté sociale. Je recommande la lecture
de cette conférence à tous.
L’Assemblée générale annuelle
L’AGA a été
un évènement très réussi. J’ai été
heureux d’entendre parler des différentes activités qui se font partout au
pays, et j’ai été reconnaissant de pouvoir partager mes propres expériences
avec les autres. J’ai parlé de mon travail dans le domaine de l’enseignement en
biodynamie en Nouvelle-Écosse et de mes propres observations par rapport à deux
sortes de conscience. J’ai reconnu que même si je n’avais pas autant d’expérience
pratique que la plupart des agriculteurs, je réussissais néanmoins à les aider
à approfondir les mystères qui sous-tendent leurs méthodes biodynamiques. Ces rencontres
créent un dialogue remarquable. Dans les groupes de conversation qui se sont formés
à partir du grand cercle, nous avons commencé par explorer la question
suivante : à partir de ce que vous avez entendu ce matin (les
contributions des membres), qu’est-ce qui vit?
Nous avons ensuite changé de groupe pour explorer la deuxième question : qu’est-ce
qui doit changer pour que l’on puisse cultiver cette vie? Il était étonnant de
constater comment deux questions différentes ont créé une conversation continue
même après que la configuration des groupes ait été changée dans le cours de
l’activité. J’ai trouvé que les idées amenées par tous les participants
faisaient écho aux thèmes présentés dans la conférence à laquelle j’ai fait
référence plus haut. Comme Rudolf Steiner, les membres de mon groupe entretenaient
une véritable conversation à partir du cœur et tout à fait dans l’ambiance de
l’esprit du temps. Je souhaite que tous puissent continuer dans leur vie de
tous les jours le travail que nous avons entrepris dans ces conversations.
L’assemblée
générale officielle a été instructive et concise. J’ai été impressionné par la
quantité de fonds possédée par la Société et je me suis mis à imaginer les
réelles possibilités que pouvait offrir l’établissement d’un fonds désigné à
une utilisation créative du capital. Il me semble que la question de la
tripartition sociale est une préoccupation importante pour beaucoup d’entre
nous en Amérique du Nord alors que nous cherchons à trouver des manières de
mieux vivre ensemble. J’attends avec enthousiasme le jour où la Société
commencera à explorer la possibilité de diriger des fonds vers d’autres sphères
d’activité, d’investir dans le « capital social ».
Le Congrès
C’est le
congrès qui a été pour moi le meilleur volet du weekend. Les deux conférences
de Dennis Klocek ont été fort stimulantes. Il a donné à bien des idées de
Rudolf Steiner un contexte contemporain en faisant des liens avec des découvertes
récentes en embryologie et en technologie. Ces exemples nous ont offert une
profondeur et une perspective intéressantes sur les indications de Rudolf
Steiner dans plusieurs domaines : la conscience, la liberté, la nature
triple de l’être humain, la connaissance initiatique, la science goethéenne, et
les origines du mal. Le lendemain, nous
nous sommes réunis en petits groupes pour réfléchir sur « les défis de
notre volonté sociale ». J’ai trouvé ces échanges très stimulants – nous
étions six ou sept personnes à apporter chacun notre perspective
anthroposophique sur les mêmes questions. Ces échanges, riches et pénétrés de
l’esprit du temps, semblaient nous nourrir à bien des niveaux. Je souhaiterai
qu’à l’avenir les conférenciers soient encouragés à interagir plus intimement
avec les congressistes, un peu comme ce que nous avons vécu lors de nos groupes
de conversation.
Pour les
ateliers artistiques, j’ai choisi l’atelier d’eurythmie et de chant. Maria
Helms et Eric Philips-Oxford ont tous les deux été admirables dans leurs arts
respectifs, et pour lesquels ils ont communiqué un réel amour. Je suis rentré chez
moi en chantant « Bonsoir » en dirigeant ce chant, grâce à l’expérience
d’eurythmie que Maria nous a fait vivre, au Taureau, au Lion, aux Gémeaux et au
« Je » sans égoïsme. Ces exercices d’eurythmie ont été pour moi un des
temps forts de tout le congrès.
En terminant,
je voudrais partager la joie que j’ai ressentie à retrouver des amis et à connaitre beaucoup de
membres pour la première fois. J’ai adoré le fait de vivre une AGA
véritablement bilingue français/anglais. J’ai trouvé que la présence des
membres qui s’exprimaient en français a ouvert de nouvelles perspectives et a
apporté une touche d’humour. Cela m’a donné également une bonne raison pour
améliorer mes compétences en français.
Mes sincères
remerciements,
Micah
Edelstein.
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