Compte-rendu : Congrès mondial sur la biographie 2015
Au mois de juin 2015, nous étions quatre Canadiens à assister au 8e
Congrès mondial sur la Biographie, un rassemblement remarquable de près de 150
personnes venues de 28 pays. Le congrès de cette année a été organisé par une
dizaine d’individus, jeunes pour la plupart, qui ont préparé et porté l’événement
de manière inspirante, le rendant très vivant et même spontané par moments. Ces
congrès sur la biographie mettent généralement l’accent sur l’expérience, mais offrent
aussi aux participants la possibilité d’assister à des cours de maître, de
partager nos recherches personnelles, de nous réunir en petits groupes et en
plénière, et d’entendre une série d’excellents conférenciers. Le thème du
congrès de cette année était « Blessures et Merveilles. » Le lieu
choisi, Dresde, en Allemagne, convenait particulièrement bien au thème, car
c’est un endroit où les blessures ont été profondes, mais où un renouveau de
vie prend essor – un geste énergique qui vise à rebâtir la vie sur de nouvelles
bases. Nous avons tous passé une journée dans la ville, visitant des musées et
plusieurs autres sites d’intérêt. Nous avons été profondément émus par une
causerie donnée par Axel Schmidt-Godelitz, un résident du lieu qui organise des
entretiens biographiques entre habitants de l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne
de l’Ouest. Cette causerie a fourni une image claire de comment la biographie
peut nous unir à un niveau purement humain, où tout jugement est suspendu, où
le pardon devient possible tout simplement parce que nous acceptons de partager
nos histoires personnelles et d’écouter celles des autres.
La présence de la conférencière Christine Gruwez nous a fait vivre une
autre expérience, tout aussi unique que puissante. Elle avait donné une
conférence lors d’un de ces congrès il y a 10 ans, et à ce moment-là avait
caractérisé notre époque de « turbulente. » Or, si les temps étaient
« turbulents » il y a dix ans, que dire de notre monde actuel? Chaque
seconde, il se passe des événements qui nous laissent muets d’incrédulité ou
d’horreur et devant lesquels nous nous sentons totalement impuissants. La
conférencière a alors développé une image de l’impuissance comme étant une blessure;
l’humanité entière est blessée. Nous portons tous des blessures. Sans blessure,
je ne suis pas humain. Quels mots puissants! Et quel défi! Ensuite, elle nous a
fait partager en petits groupes notre blessure la plus profonde, notre
compréhension de comment une blessure se produit et de comment la guérir. Mais,
d’après elle, guérir une blessure est autre chose que de la cicatriser. Christine
a élaboré un chemin manichéen qui ouvre la voie vers des aperçus inattendus et vers
de profondes expériences qui nous ont laissés, à la fin de ce congrès, avec un
nouveau sentiment d’espoir en l’avenir. Le défi : « garder la
blessure suffisamment ouverte » pour qu’elle se transforme en organe de
perception dans notre biographie.
Gabriele Edelstein, Dorothy LeBaron, Regine Kurek, Jef Saunders
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