Lors d’une conversation qui s’est déroulée à la Haie au
mois d’avril de l’année 1922, Walter Johannes Stein a demandé à Rudolf
Steiner : « Que restera-t-il de votre œuvre d’ici quelques milliers
d’années? » Et Rudolf Steiner de répondre : « Il ne restera que
la Philosophie de la Liberté, »
après quoi il a ajouté : « Mais cet ouvrage contient tout. Celui qui
arrive à réaliser l’acte de liberté que l’on y trouve décrit découvrira la
totalité du contenu de l’anthroposophie. »1
Une déclaration intrigante, en effet, qui peut se prêter à de multiples interprétations. L’humanité
perdra-t-elle le grand trésor qu’est l’anthroposophie d’ici mille ans? Je n’en
suis pas sûr. J’ai l’impression que Steiner faisait référence à ce qui, de son
œuvre, aura fait ses preuves comme étant une contribution durable au
développement de l’humanité. Je peux m’imaginer que d’ici mille ans il y aura
un grand nombre d’initiés sur terre œuvrant pour le bien, et que la somme de
leur créativité, comme c’est le cas dans toutes les sphères où l’on est à la
recherche de la véritable connaissance, aura su intégrer et même dépasser ce
qu’un pionnier tel que Steiner a pu accomplir à son époque. Si cette image est
juste, pourquoi l’ouvrage en question – la Philosophie
de la Liberté – serait-il encore pertinent d’ici mille ans? Comment
concevoir qu’il s’agit d’un livre pour l’avenir?
J’ai le sentiment que c’est parce que ce livre est un
outil essentiel et que sa conception ne pourrait tout simplement pas être
améliorée. Il sera aussi utile d’ici mille ans qu’il l’est à notre époque pour
le véritable chercheur. Quelle est la fonction fondamentale de cet outil
indispensable? Qu’est-ce qui peut survenir lorsqu’un individu se met à
travailler la Philosophie de la Liberté?
Steiner en a parlé souvent. Regardons, par exemple, cette citation tirée d’une
conférence donnée pour les ouvriers du Goethéanum le 28 juin 1923 :
Ce
n’est pas tant le contenu du livre qui est l’essentiel, bien qu’à l’époque on
voulait évidemment présenter ce contenu au monde; mais la chose fondamentale,
c’est qu’on y parlait pour la première fois du penser indépendant. Nul ne peut
comprendre cet ouvrage sans pratiquer le penser indépendant. Dès le tout début,
à chaque page, le lecteur doit s’accoutumer à faire usage de son corps
éthérique s’il veut le moindrement pouvoir penser ces pensées. Par conséquent,
cet ouvrage est un outil de formation personnelle – un outil très important –
et doit être abordé en tant que tel.2
Comme l’expliquent d’autres citations de Steiner,
toute l’anthroposophie se fonde sur cette capacité de déployer un penser
indépendant, de se livrer à cet « acte libre. » Toutes ces
indications insistent clairement sur le fait que seul le développement d’un tel
penser indépendant peut donner à l’âme la force nécessaire pour s’ouvrir à des
expériences suprasensibles de manière saine. Et, d’autre part, ce n’est que
grâce à un tel penser qu’il devient possible de construire un pont assez solide
pour ramener les richesses des expériences spirituelles dans le vécu de tous
les jours, pour répondre au besoin urgent qu’a notre civilisation d’être
renouvelée.
Que veut dire : faire usage du corps éthérique
dans le déploiement du penser indépendant? En quoi cette expérience
diffère-t-elle du penser qui n’utilise pas l’éthérique? Comment pouvons-nous
faire l’expérience de cette différence? Si ces questions vous tiennent à cœur,
venez participer au congrès Freedom
Mystery Conference qui se tiendra à Thornhill du 23 au 25 octobre 2015.
Le moteur de ce projet est l’œuvre, d’une
exceptionnelle créativité, de Timothy Nadelle. Fort de son travail approfondi
de beaucoup d’années avec la Philosophie
de la Liberté, Tim a développé, et en effet continue à développer, une
manière de travailler avec le contenu de ce livre qui peut amener le
participant à en faire une expérience directe tout en y ajoutant un élément
social. Pour que ce processus puisse continuer à se développer, Tim a besoin de
collègues pour recevoir et pour travailler avec ce qu’il a réussi, de manière
ouverte et intègre, à construire jusqu’ici. En tant que membre de l’équipe qui
organise l’événement, j’ai pu constater de première main ce que Tim nous
apporte, et c’est tout simplement extraordinaire. Au lieu de présenter une
approche de nature didactique, Tim donne une substance que les participants
peuvent intérioriser et avec laquelle ils peuvent travailler de manière
créative. Que vous ayez déjà étudié la Philosophie
de la Liberté en profondeur ou que vous soyez un nouveau venu, vous vous
verrez guidés sur un chemin d’expérience qui assumera une place importante dans
votre vie et qui vous ouvrira de nouvelles voies pour votre propre cheminement.
À ce que je sache, il s’agit du premier congrès de la
sorte jamais organisé. On y explore du nouveau terrain. Et en plus de cette
rencontre énergisante avec la Philosophie
de la Liberté, comme partie intégrante du congrès l’on pourra assister à
une représentation du premier tiers du Drame-Mystère La Porte de l’Initiation, une réalisation de TQuest Productions de
Toronto. Nous serons également accompagnés sur ce voyage par Daniel Hafner,
prêtre de la Communauté des Chrétiens, qui ouvrira et clôturera le congrès. Il
offrira des conférences ayant pour but d’éveiller un dialogue entre ces deux
aspects de l’anthroposophie. Ceux qui connaissent Daniel apprécient ses aperçus
scintillants et son humour, et savent qu’il crée souvent une ambiance toute
particulière lors de ses présentations.
Une image qui peut nous guider à entrer dans
l’ambiance du congrès : les participants découvriront dans La Porte de l’Initiation un chemin vers
la liberté et trouveront dans la Philosophie
de la Liberté une porte d’entrée pour pénétrer dans le drame mystère qu’est
la vie de chaque individu. Apprendre à penser de façon indépendante représente
après tout le premier pas dans l’effort de prendre en main sa propre destinée. J’espère
que vous vous joindrez à nous pour vivre cet unique événement. Je crois que
pour beaucoup, il s’avérera être un moment significatif dans leur destin. Pour
obtenir des renseignements ou pour vous inscrire, veuillez consulter le
site : www.philosophyfreedom.ca.
Notes :
1. Cité par Serge O. Prokofieff dans Les Hommes puissent-ils l’entendre.
2. 28 juin 1923 (GA 350)
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